samedi 30 août 2008

Culture

On y parlait, sauf dans sa partie sud, une langue régionale : le picard. La langue picarde (différente du « francien » d'Île-de-France qui s'imposa comme langue nationale) connaît son apogée au XIIIe siècle : il est parlé alors dans toute la Picardie actuelle (sauf dans le sud de l'Oise et l'Aisne), dans les départements actuels du Pas-de-Calais, du Nord (sauf le Westhoek), une partie du Hainaut belge (région de Mouscron et de Tournai).

À partir du début du XIXe siècle, le picard n'est plus parlé dans les régions du sud de Beauvais, Noyon, Vervins. Il demeura cependant encore très vivace jusque dans les années 1970-1980, même en ville. Aujourd'hui ne subsistent vraiment, dans l'usage et en pratique, que des mots et quelques expressions, pour les raisons suivantes :

* la modernisation et la mécanisation (l'agriculture ayant besoin de moins de bras),
* le développement des moyens de locomotion,
* la scolarité rendue obligatoire jusque 16 ans (avec cycle scolaire terminé ou suivi en collège au lieu d'être très majoritairement dispensé exclusivement localement, ce qui provoqua un brassage ou un nivellement linguistique),
* l'élévation du niveau de vie, avec la facilité plus grande de partir en vacances ou en week-end,
* l'intrusion systématique de la télévision dans les foyers.

jeudi 28 août 2008

Omois

L'Omois est une région de l'extrême sud de l'Aisne.

C'est à Château-Thierry, ville natale du Fabuliste Jean de La Fontaine que débute la route touristique du Champagne.

Les trente six villages qui bénéficient de l'appellation d'origine contrôlée sont présents sur ce parcours.

Annexes [modifier]

Article connexe [modifier]

* Arrondissement de Château-Thierry

Liens externes [modifier]

* (fr) Site officiel du Pays du Sud de l'Aisne
* (fr) « Bienvenue en Omois », site personnel consacré à l'Omois

Amiens - Metz 2008

Emelie Guidry and the Picardy Birds

catedral de Beauvais

TGV Highspeed 300km/h France

The Witness (bêtisier) CAJ POIX DE PICARDIE

week end picardie

mardi 26 août 2008

Thiérache

La Grande Thiérache est une création du XXe siècle, à but essentiellement lucratif (pour bénéficier des subventions européennes, dans le cadre des Eurorégions). Pour ce faire, elle regroupe des régions de France et de la Belgique, située au nord du département de l'Aisne et débordant sur les départements du Nord et des Ardennes. Historiquement, sa capitale est Guise. Elle correspond globalement aux contreforts Ouest du massif ardennais.
Sommaire
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* 1 Géographie
* 2 Environnement
* 3 La Thiérache historique
* 4 Paysage
* 5 Agriculture
o 5.1 Dominantes agricoles et tendances[1]:
* 6 Patrimoine culture
* 7 Notes et références
* 8 Liens externes

Géographie [modifier]

La Grande Thiérache est donc une région éclatée, répartie entre deux États, trois régions françaises (Nord-Pas-de-Calais, Picardie, Champagne-Ardennes) et deux provinces belges (Hainaut et Namur). Ces limites marquent profondément cet espace, centripète. Même la limite actuelle entre l'Aisne et le département du Nord, ancienne frontière de la France avant le XVIIe siècle, demeure une fracture importante dans l'espace social, malgré la ressemblance frappante des paysages. Toutes les structures tentant de réunir ces deux entités ont échoué.

Environnement [modifier]

Par leur richesse en forêts et en prairies , grâce à un maillage bocager localement préservé connectant ces milieux avec les Ardennes et via le massif ardennais avec des zones d'Europe centrale écologiquement très riches, la Thiérache et plus largement l'Avesnois sont un des grands réservoirs de biodiversité pour le nord de la France et la Belgique. Cette richesse a justifié la création du Parc naturel régional de l'Avesnois et font de cette région une des deux zones majeurs de la Trame verte et bleue du Conseil régional du Nord-Pas-de-Calais.

Le recul du bocage et des herbages, les remembrements, la périurbanisation et la fragmentation écologique du territoire par de nouvelles routes sont toutefois des causes importantes de recul de la biodiversité.

La Thiérache historique [modifier]

Elle se limite au département de l'Aisne.

Une légende tenace démentie par les découvertes archéologiques, fait de la Thiérache médiévale, un pays couvert de forêts. Le couvert forestier était plus important que dans les riches régions agricoles voisines, au sud, le Laonnois et à l'ouest le Vermandois, mais les défrichements du Moyen Âge, certes importants, ont été exagérés. Subsistent encore quelques belles forêts domaniales : les forêts d'Anor, Fourmies, Hirson, Trélon, Le Nouvion-en-Thiérache et de Saint-Michel.

Certaines formes curieuses de forêts sont typiques de Thiérache : ce sont les « haies » défensives, comme la haie d'Avesnes. Il s'agit d'une forêt circulaire entourant une ville, qui aurait eu une fonction défensive au moins dès le haut-Moyen Âge. La haie d'Avesnes a eu un rôle lors de la bataille de Watignies, en séparant les belligérants.

En général, ces haies, reliques probables de la forêt préhistorique dans certains cas, ont été défrichées. Seule la haie d'Avesnes demeure nettement visible de satellite, sous forme d'un arc de cercle visible y compris sur des cartes à petite échelle. Elle sera à nouveau tranchée par la création d'une nouvelle route à 4 voies, parallèle à l'ancienne RN2.

Paysage [modifier]

La Thiérache est trditionnellement un pays de bocage, curieusement intercalé dans sa partie sud entre les openfield champenois, picard et du Cambrésis. Cette particularité a deux origines :

* Dans le Sud de la Thiérache, il existait au XIVe siècle un esprit frondeur et une forte tendance à l'individualisme agraire, qui ont développé quelques noyaux bocagers, étudiés par J. Sivery.

* Au XIXe siècle, avec le décloisonnement de la région par le chemin de fer, les cultures aux faibles rendements, comme les céréales, ont été abandonnées au profit de l'élevage. La Thiérache, comme le Pays d'Auge en Normandie, s'est tournée vers la production de beurre, produit très valorisé sur le marché parisien. Le lait subsistant a été transformé en fromage. Mais ici, au lieu du camembert, on a produit le maroilles, à l'odeur forte mais au goût subtil et fin et la boulette d'Avesnes, produit dérivé du premier (brisures) dont la consommation est à réserver aux plus solides estomacs. Comme en Normandie, les prairies ont été plantées de pommiers qui produisent un cidre de qualité (et l'alcool de pomme qui va bien avec).

Le bocage s'est progressivement étendu du Sud vers le Nord. Les cultures céréalières dans l'extrême Nord de l'Avesnois, aux marges du Hainaut. Dans tous les cas, ce bocage ne présente pas de talus, à l'inverse des bocages bretons et normands. Depuis la fin du XXe siècle, la crise de l'élevage laitier a engendré un recul du bocage au profil de l'openfield.

Quelques industries locales florissantes au siècle dernier se sont éteintes (textile) ou sont devenues marginales (fonderies), travail de l'osier, (vannerie). La (boisellerie) a eu aussi son importance, et il en reste des traces à Felleries, où l'on tourne encore le bois, mais pour les touristes.

Une autre spécialité locale a été l'exploitation des calcaires bleus de l'étage givétien, dits "marbres" bleus, que les maisons locales présentent encore largement.

Agriculture [modifier]

Dans sa partie Nord-Pas de Calais, la Thiérache abritait encore en 2000 1035 exploitations, dont 690 presque exclusivement consacrées à l'élevage de bovins ; 24% des exploitations agricoles étaient à cette date mises aux normes (PMPOA et 33% s'apprêtaient à le faire rapidement, soit une modernisation totale de 57% des exploitations.

Surface agricole utile : 42 463ha de SAU en 2000 (-7% de 1998 à 2000)
Surface agricole utile moyenne :41ha par exploitation (Augmentation moy. de +6,9% de 1998 à 2000)

Dominantes agricoles et tendances[1]: [modifier]

Systèmes laitiers-herbagers purs (environ 400 exploitants sur 312 exploitations (280 dans le Nord, 32 en Pas de Calais), avec une référence laitière de 180.000 kgs), avec ;

* mise aux normes faite à 50% en 2000, après de nombreux remembrements qui ont causé un fort recul du bocage et du pommier traditionnel ;
* système herbager ou complété par une surface fourragère en faible proportion ;
* troupeau moyen de 40 vaches (système herbager pur) à 60 vaches (herbe + maïs) sur une superficie de 40 à 60 hectares ;
* des exploitants plutôt âgés, notamment dans le système herbager pur (50% des exploitants ont plus de 50 ans dans ce secteur, avec peu de candidatures de reprise : la diminution des exploitations pourrait atteindre 51% à 46% de 2000 à 2015 selon l'évaluation prospective du SRADDT, et les systèmes herbagers seraient les plus touchés, ce qui risque de fortement modifier le paysage de Thiérache). L'exploitant ne dispose généralement pas de salarié, et un des conjoint travaille à l’extérieur dans 50 % des cas.

Systèmes associant la production de lait et l’allaitement (130 exploitations) :

* sans différence globale (que ce soit pour la taille de l'exploitation ou son résultat économique ;
* tendance à la baisse de production de viande et à l'intensification laitière (il existe une forte demande de lait bio, qui pourrait être renforcée suite au Grenelle de l'environnement);
* tendance à la baisse régulière du nombre d’exploitations (- 4,5% entre 1998 et 2000).
* un résultat courant par an qui était en 2000 évalué à 12.000 à 18.000 €

Patrimoine culture [modifier]

* Nombreuses églises fortifiées, chapelles, habitat traditionnel de brique et « pierre bleue » ;
* Abbaye de Saint-Michel et ses grandes orgues.

Notes et références [modifier]

1. ↑ Travail prospectif à horizon 2020 fait dans le cadre du SRADDT par le Conseil régional et la Chambre d'agriculture

dimanche 24 août 2008

Marquenterre

Le Marquenterre est une petite région naturelle de France située le long du littoral de la Manche en Picardie. Il s'étend de la Baie de Canche à la Baie de Somme sur une trentaine de kilomètres. Il s'agit d'une région de dunes, d'étangs mais aussi de prés et de cultures. Elle couvre environ 23 000 hectares.

Les communes de cette petite région naturelle sont Rue, Noyelles-sur-Mer, Le Crotoy, Favières, Quend, Fort-Mahon, Arry, Vercourt et Villers-sur-Authie.

Le Marquenterre est le berceau de la race des chevaux Hensons.
Une réserve ornithologique y est implantée. De nombreux équipements touristiques proposent une découverte de la faune et de la flore.

Le nom Marquenterre vient de l'expression latine mare in terra — la mer dans les terres —, un nom bien signicatif pour expliquer la nature marécageuse de son sol (source Bernard Daras).

vendredi 22 août 2008

Scardon

Le Scardon, rivière de Picardie, est un affluent de la Somme (rive droite). Bien que d'une faible longueur (12 kilomètres), son cours, d'une remarquable stabilité dans le temps, présente un grand intérêt par les découvertes préhistoriques de Caours et le riche patrimoine de la ville de Saint-Riquier.

Géographie [modifier]

Le Scardon s'écoule de Saint-Riquier à Abbeville à travers le Ponthieu. Son cours se limite à 12,4 kilomètres[1]. mais sa vallée, orientée nord-est / sud-ouest, se poursuit en amont, sans écoulement apparent, sur une dizaine de kilomètres. La rivière reçoit deux petits affluents à Abbeville :

* La Drucat qui mesure 5,4 kilomètres de long, prend sa source à Drucat, traverse Caours et conflue à Abbeville, l'ensemble du cours étant inclus dans le canton d'Abbeville-Nord.[2].
* La Novion dont le cours est de seulement 1,4 kilomètre de long, prend sa source et conflue sur le territoire de la commune d'Abbeville.[3].

Grâce à ces derniers, le bassin versant du Scardon s'étend sur 206 km² et procure à la rivière un débit de 1,4 m³/s à l'exutoire[4] dans le cadre d'un régime pluvial océanique. Ce dernier est marqué par une grande régularité en raison de la présence d'un puissant aquifère alimentant les différents cours d'eau de la région comme l'Authie, plus au nord.

La vallée du Scardon peut atteindre 700 mètres dans sa plus grande largeur (ce qui peut paraître étonnant pour un cours d'eau de cette taille) et est franchie par l'imposant viaduc de l'autoroute A 16, construit selon la technique du béton précontraint en 1997 et long de 1 022 mètres[5].

Histoire [modifier]
La façade de l'église abbatiale de Saint-Riquier
La façade de l'église abbatiale de Saint-Riquier

Dans une région riche en vestiges préhistoriques, une découverte récente, réalisée à Caours dans la vallée du Scardon, pourrait permettre de mieux comprendre le destin de l'homme de Néandertal ou d'épaissir encore le mystère de sa disparition. La présence d'un site néandertalien de découpe d'animaux lors de la période de l'Eémien (130 000 à 115 000 ans avant notre ère) prouve, d'après les spécialistes, que Néandertal s'était parfaitement adapté au climat tempéré qui affectait la contrée à cette époque[6]. Cela remet donc en cause la théorie selon laquelle la disparition de ce formidable chasseur aurait été directement liée à son impossibilité à supporter les changements climatiques brutaux qui régnaient alors (alternance de périodes glaciaires et de périodes de réchauffement)[6].

Dans la partie supérieure de son cours, le Scardon traverse la commune de Saint-Riquier qui peut s'enorgueillir d'une riche histoire. Pagus gallo-romain, connu sous le nom de Centula, probablement capitale de la tribu des Oromensacii, la ville prit son nom actuel après la fondation au VIIe siècle d'une abbaye dédié à Ricarius, riche personnage devenu ermite qui évangélisa une partie des populations encore païennes du nord de la France sous le règne de Dagobert Ier, roi des Francs de 629 à 639[7]. L'établissement religieux connut sa plus brillante période sous la direction de l'abbé Angilbert, conseiller de Charlemagne, qui en fit un des grands centres d'études de la chrétienté. Malgré sa destruction par les Normands en 881, le rayonnement de l'abbaye persista jusqu'au début du XIIe siècle lorsque cette dernière fut incendiée, en 1131, par un seigneur local, le comte de Saint-Pol, Hugues III de Campdavaine[8]. De nouveaux saccages, au XVe siècle et au XVIe siècle, la ruinèrent définitivement[8]. L'église abbatiale, avec sa façade exubérante dominée par une haute tour carrée, demeure un des plus beaux édifices religieux de Picardie.

Saint-Riquier fut également une des premières communes de France car, dès 1126, Louis VI le Gros accorda à la cité une charte d'indépendance[8]. Cette longue et brillante continuité historique lui a légué, en plus de l'église abbatiale, un patrimoine architectural exceptionnel pour une ville de cette taille : beffroi, ruines du château de Drugy, hôtels particuliers du XVIIe siècle et XVIIIe siècle, hospice du XVIIIe siècle, curieuse maison d'habitation d'un grognard de la Grande armée dont la façade a adopté la forme d'un bicorne napoléonien.[8].

Notes et références [modifier]
L'imposant viaduc du Scardon près d'Abbeville
L'imposant viaduc du Scardon près d'Abbeville

1. ↑ SANDRE, « Fiche du Scardon (E6480600) ». Consulté le 11 juin 2008
2. ↑ SANDRE, « Fiche de la Drucat (E6480650) ». Consulté le 15 juin 2008
3. ↑ SANDRE, « Fiche de la Novion (E6480660) ». Consulté le 15 juin 2008
4. ↑ Rapport du projet de plan de prévention des risques d’inondations de la vallée de la Somme et de ses affluents, préfecture de la Somme Lire en ligne. Consulté le 11 juin 2008.
5. ↑ Le viaduc du Scardon sur Structurae. Consulté le 11 juin 2008.
6. ↑ a  b  Quand Néandertal s'invite à l'Eémien : découverte d'un site primordial, article de l'INRAP sur futura-sciences.com Lire en ligne. Consulté le 11 juin 2008.
7. ↑ Guide bleu de Picardie, Hachette, Ed. 2003, p.131.
8. ↑ a  b  c  d  L'histoire de la ville et de l'abbaye, description détaillée de l'église abbatiale sur le site du Ministère de la culture. Consulté le 11 juin 2008.

[ Enrouler ]
v · d · m
Affluents (et sous-affluents) de la Somme
100 km < Canal de la Somme . Somme .
50 km < Avre .
30 km < Ancre . (Noye) . Omignon . Selle ·
10 km < Airaines · Cologne · Dien · Hallue · (Évoissons) · Ingon · (Luce) · Nièvre · Saint-Landon · Scardon · Sommette · Tortille · (Trois Doms) ·
1 km < Amboise · Beine · (Braches) · Germaine · Trie ·
divers regroupés (Avalasse) · (Boulangerie) . (Canal) . (canal de Lamoricière) · (Domart) · (Drucat) · (Echaut) · (Fieffe) · (Fossé) . (gué du Nil) · (Nœlle) · (Novion) · (Petit Ingon) · (Petits Évoissons) · (Rivière de Poix) · (Rivière de Rouvroy) · (Rivière des îles) · (Rivière des parquets) · (Ru Saint-Firmin) ·

mercredi 20 août 2008

Baie de Somme

Situé en France sur le littoral de la région Picardie, le territoire dit « de la Baie de Somme » s'étend sur 70 km² entre la pointe du Hourdel au sud et la pointe de Saint-Quentin-en-Tourmont au nord. La Somme, fleuve côtier qui a donné son nom au département, se jette dans la Manche à cet endroit.
Sommaire
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* 1 Présentation
* 2 Références
* 3 Voir aussi
* 4 Liens externes

Présentation [modifier]

La baie est principalement constituée de deux milieux :

* la slikke, zone de vasières, recouverte par la mer deux fois par jour,
* le schorre ou « mollières » qui est couvert par la mer seulement lors des grandes marées.

Elle est constituée de deux estuaires emboités : celui de la Somme au sud, et celui de la Maye, petit fleuve côtier, au nord.
aigrette garzette, Baie de Somme
aigrette garzette, Baie de Somme

La baie de Somme est aujourd'hui reconnue sur le plan international pour sa richesse écologique; elle est notamment considérée comme un haut lieu ornithologique. Ses différentes zones offrent des conditions d'accueil favorables aux oiseaux sédentaires et migrateurs.

Cette richesse a suscité la création, dans sa partie nord (embouchure de la Maye), d'une réserve nationale de chasse en 1968 transformée en réserve naturelle (avec modifications des limites) en 1994 (Réserve naturelle de la Baie de Somme dont le Parc du Marquenterre).
Mollières en baie de Somme. À l'arrière-plan Saint-Valery-sur-Somme
Mollières en baie de Somme. À l'arrière-plan Saint-Valery-sur-Somme

Il n'est pas rare d'apercevoir des troupeaux de moutons broutant dans la baie à marée basse, le goût particulier de leur chair a donné lieu à l'appellation de « prés-salés » [1]. La partie de la baie découverte à marée basse dans laquelle viennent se nourrir les moutons s'appelle l'estran. C'est en Baie de Somme qu'a été créée la race équine des Hensons.

Enfin, la baie de Somme est également réputée par la présence de phoques, qu'il est recommandé de ne pas approcher : phoques-veaux marins (plus de 100 en 2006 et 2007) mais aussi de quelques phoques gris. Elle est également lieu de repos d'oiseaux d'eau (canards colvert, siffleurs, sarcelles,chipeaux...) ainsi que des limicoles (bécassines,courlis,huitriers pies,vanneau,...) ce qui fait de la baie un terrain de chasse au gibier d'eau.

Depuis 1999, la baie appartient au club des plus belles baies du monde, au même titre que la baie d'Halong ou encore la baie du Mont Saint-Michel.
phoque veau marin
phoque veau marin

Elle est cependant menacée d'ensablement et les premiers dégâts sont déjà visibles.

Le 23 novembre 2006, au Ministère de l'Écologie, du Développement et de l'Aménagement durables, une délégation composée des services de l'État, d'élus et de techniciens du Syndicat mixte ont soutenu la candidature de la Baie de Somme-Grand Littoral au titre de sa future labellisation « Grand site national », qui doit permettre de réaliser les aménagements indispensables à la préservation du site.

Références [modifier]

1. ↑ Décret du 30/03/2007 relatif à l'appellation d'origine contrôlé « prés-salés de la baie de Somme ».[1]

Voir aussi [modifier]

* Réserve naturelle de la Baie de Somme
* Le Hâble-d'Ault
* Futur Parc naturel marin des Trois Estuaires
* Parc du Marquenterre
* Maison de la Baie de Somme et de l'Oiseau

* Chemin de fer de la baie de Somme
* Jardins de Valloires et Abbaye de Valloires
* Le Crotoy
* Saint-Valery-sur-Somme
* Réseau des Grands Sites de France

lundi 18 août 2008

Bresle

La Bresle est un fleuve côtier du nord-ouest de la France se jetant dans la Manche au Tréport sur la Côte d’Albâtre, au terme d’un cours, long de 68 à 72 kilomètres selon les sources[1], qui lui fait traverser les départements de l’Oise, de la Somme et de la Seine-Maritime. Longtemps, elle servit de frontière naturelle entre des entités politiques puissantes et antagonistes.

Aujourd’hui, sa vallée verdoyante, moitié normande, moitié picarde, piquetée d’étangs, conserve une tradition verrière, remontant au Moyen Âge, qui en fait le premier pôle mondial du flaconnage de luxe. La présence de nombreuses entreprises implantées dans les petites villes ou villages qui s’égrènent le long de ses rives n’a pas compromis un environnement riche d’espèces animales et végétales. Les eaux poissonneuses de la Bresle, classée cours d’eau de première catégorie dans son intégralité, voient remonter saumons atlantiques et truites de mer en grand nombre.
Sommaire
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* 1 Étymologie
* 2 Géographie
o 2.1 Cours et hydrogéologie
o 2.2 Hydrographie
o 2.3 Hydrologie
* 3 Histoire
o 3.1 Un fleuve frontière
o 3.2 Le patrimoine de la vallée, héritage d’une longue occupation humaine
o 3.3 La navigation sur la Bresle
* 4 Activités économiques : La vallée de la Bresle - The Glass Valley
* 5 Environnement
o 5.1 Milieu aquatique et ichtyofaune
o 5.2 Faune et flore de la vallée
* 6 Découverte et tourisme
* 7 Départements et principales communes traversés
* 8 Bibliographie
* 9 Notes et références
* 10 Voir aussi
o 10.1 Liens externes
o 10.2 Liens internes

Étymologie [modifier]

Ce fut seulement au XVIIe siècle que le fleuve reçut son nom actuel de Bresle. Dans sa Géographie, Ptolémée l’appelait Phroudis[2]. Jusqu’au XIIIe siècle, diverses autres dénominations lui furent attribuées, dérivant toutes de l’hydronyme indo-européen av, d’abord Auvae fluvium, Aucia fluvium jusqu’à l’époque carolingienne, puis Auga au Xe siècle et Ou[3] au XIe siècle[2]. L’installation des Normands conduisit à un changement de dénomination du cours d’eau, la rivière d’Ou ou d’Eu devint la Brisela au milieu du XIIIe siècle[4], puis on évoqua, dans divers documents, la Bresla, la Brella, la Breselle, la Briselle, la Brisele, la Brisella avant que le nom actuel ne se fixe définitivement à la fin du XVIIe siècle[2].

Géographie [modifier]

Cours et hydrogéologie [modifier]
Localisation du cours de la Bresle aux confins de la Normandie et de la Picardie.
Localisation du cours de la Bresle aux confins de la Normandie et de la Picardie.

La Bresle prend sa source à Abancourt, commune de l’Oise, à environ 200 mètres d’altitude[5] et s’écoule vers le nord-ouest à travers le plateau de Formerie, recevant l’apport de quelques petits tributaires (le Ménillet et la Méline) jusqu’à sa confluence, à Senarpont, avec le Liger, son principal affluent. Elle prend ensuite la direction ouest - nord-ouest, caractéristique des fleuves côtiers de Seine-Maritime et de la Somme. Sa vallée, encaissée dans la craie, dissymétrique, à fond plat, est, en aval, parsemée d’étangs et de marais. Après avoir reçu les eaux de la Vimeuse à Gamaches, le fleuve se ramifie en de nombreux bras (la Teinturerie et la Busine à Eu) avant qu’une partie de son cours ne soit canalisé entre Eu et Le Tréport.
La Bresle canalisée entre Eu et le Tréport.
La Bresle canalisée entre Eu et le Tréport.

Entre ces deux dernières villes, la Bresle coule dans une large vallée herbeuse, large d’un kilomètre, encadrée de versants raides de 100 mètres de dénivellation, boisés et entaillés par des vallons secs. Cette vallée porte les traces de l’ancien cours du fleuve qui se jetait à Mers-les-Bains jusqu’au Moyen Âge (son ancien estuaire forme aujourd’hui la « Prairie » sur laquelle est édifiée une majeure partie de cette petite ville du département de la Somme). Au XIIe siècle, le détournement des eaux de la Bresle, qui procède plus de la rectification du cours du fleuve que du creusement d’un canal, amena son embouchure au Tréport[6].

La vallée de la Bresle appartient à la partie septentrionale du Bassin Parisien constituée de craie du Crétacé supérieur. La porosité de cette dernière lui permet d’emmagasiner une quantité considérable d’eau et représente ainsi un aquifère de première importance qui joue un rôle fondamental dans l’alimentation constante des cours d’eau garantissant des débits d’étiage élevés, même en période de sécheresse. La Bresle draine sur la rive normande (gauche) des craies argileuses du Cénomanien et du Turonien et sur la rive picarde (droite) des craies à silex du Coniacien. Les flancs de la vallée, recouverts de nombreux espaces boisés, sont constitués de limons, enrichis en sables et graviers en bas des pentes[7]. Le fond de la vallée est surtout occupé par des alluvions quaternaires, en général argileuses, brunes, jaunes ou souvent grisâtres en raison de la présence de matières organiques d’origine végétale. Ces alluvions sont couvertes de prairies et de peupleraies[7].

Hydrographie [modifier]
Icône de détail Article détaillé : Droit et gestion des cours d'eau en France.
La Bresle en amont d’Aumale, encore un petit cours d’eau avant sa rencontre avec le Liger.
La Bresle en amont d’Aumale, encore un petit cours d’eau avant sa rencontre avec le Liger.

Le bassin versant de la Bresle occupe une superficie de 748 km2, répartie sur trois départements : l’Oise pour 75 km2 dans sa haute vallée, la Somme pour 355 km2 et la Seine-Maritime pour 318 km2[8]. L’ensemble de son bassin recouvre totalement ou partiellement le territoire de 115 communes regroupant 65 000 habitants[8], soit une densité moyenne de 83 hab∙km-2 (largement supérieure à celle du bassin de l’Authie - 57 hab∙km-2 - qu’on peut lui comparer[9]). La population est concentrée dans le cours aval du fleuve entre Blangy-sur-Bresle et l’embouchure qui rassemble les agglomérations les plus peuplées de la vallée ; en amont, les densités s’avèrent nettement plus faibles.

L’« Institution interdépartementale Oise, Seine-Maritime et Somme, pour la gestion et la valorisation de la Bresle », dont le siège est sis à Aumale, est chargée de coordonner actions et projets concernant le fleuve côtier. Par arrêté du 19 avril 2007[10], elle est devenue un Établissement public territorial de bassin (EPTB), organisme reconnu officiellement dans le domaine de la gestion de la ressource "eau" sur le bassin versant[11] et a pour mission principale l’établissement d’un Schéma d’aménagement et de gestion des eaux (SAGE)[12]. L'EPTB a signé un Contrat d’objectifs de gestion de l’eau (COGE), le 20 mai 2008, qui fixe son programme d'actions à finalité environnementale (protection des eaux contre toutes les formes de pollution) et lui permet de bénéficier de subventions du conseil général[13]

Ses principaux affluents, cours d’eau de faible importance, sont (de l’amont vers l’aval)[14] :

* le Ménillet (six kilomètres) à Aumale en rive droite.
* la Méline (dix kilomètres) à Vieux-Rouen-sur-Bresle en rive gauche.
* le Liger (quatorze kilomètres) à Senarpont en rive droite.
* la Fontaine Saint-Pierre (trois kilomètres) à Nesle-Normandeuse en rive gauche.
* la Vimeuse (dix-sept kilomètres) à Gamaches en rive droite.

Image satellite de la vallée de la Bresle
Image satellite de la vallée de la Bresle
...complétée par une carte du bassin versant
...complétée par une carte du bassin versant

Hydrologie [modifier]
Débits mensuels de la Bresle sous la forme d’un histogramme.
Débits mensuels de la Bresle sous la forme d’un histogramme.

Le débit de la Bresle, dans le cadre d’un régime typiquement pluvial océanique, ne dépasse pas 8 m3∙s-1 à l’embouchure, (7,5 m3∙s-1 à Ponts-et-Marais[15]). L’ensemble du bassin versant est affecté par un climat océanique et reçoit entre 700 et 800 millimètres de précipitations annuelles (la vallée étant un peu moins arrosée que les hauteurs l’encadrant)[16].

À Ponts-et-Marais, à guère plus de cinq kilomètres de son embouchure[17], le débit de la Bresle, observé sur près de 10 années (de 1999 à 2007), atteint en moyenne 7,45 m3∙s-1 pour un bassin versant de 693 km2 (soit près de 93 % de sa superficie totale). Les mesures ainsi effectuées incluent des années à déficit pluviométrique parfois important à partir de 2003 et minimisent le véritable débit qui s’établit à environ 8 m3∙s-1 sur la longue durée, ainsi que l’atteste le chiffre de 8,02 m3∙s-1 donné[18] par l’AREHN (Association régionale de l’environnement de Haute-Normandie). Le fleuve présente des variations limitées du module, la période des hautes eaux peut être enregistrée durant la période hivernale et au début du printemps avec une moyenne mensuelle comprise entre 8,59 m3∙s-1 et 8,99 m3∙s-1 atteint en mars, les basses eaux interviennent à la fin de l’été et au début de l’automne avec des débits compris entre 5,85 m3∙s-1 et 6,24 m3∙s-1 d’août à octobre (le mois de septembre voyant le plus bas module de l’année). Les périodes d’étiage, tout comme les crues sont limitées. Le débit instantané maximal enregistré à la station de Ponts-et-Marais date du 10 avril 2001 et a atteint 17,7 m3∙s-1 (soit seulement 2,4 fois le débit moyen). Cette modération rend les débordements du fleuve rares, tout au plus la Bresle sort de son lit mineur et ses eaux envahissent les prairies de fond de vallée sans causer d’importants dégâts.

Si l’on établit une comparaison entre le débit et le bassin versant, la Bresle présente un module relativement abondant ainsi que l’atteste une lame d’eau de 310 mm/an (environ dans la moyenne nationale qui est de 300 millimètres, mais bien supérieure à celle du bassin de la Seine de l’ordre de 225 millimètres) et un débit spécifique (ou Qsp) de 9,8 litres par seconde et par kilomètre carré de bassin (9,5 l∙s-1∙km2 pour l’ensemble des cours d’eau français, 7,1 l∙s-1∙km2 dans le cas du bassin de la Seine)[19].

Histoire [modifier]

Un fleuve frontière [modifier]
La vallée de la Bresle près de Monchaux-Soreng en Normandie, l’autre versant de la vallée appartient à la Picardie.
La vallée de la Bresle près de Monchaux-Soreng en Normandie, l’autre versant de la vallée appartient à la Picardie.

Depuis longtemps, le cours de la Bresle (surtout dans sa partie inférieure) a joué un rôle de frontière naturelle. Il séparait ainsi les provinces romaines de Belgique et de Lyonnaise durant l’Antiquité, le Talou et le Vimeu durant la période mérovingienne, le comté de Ponthieu et le duché de Normandie à partir du XIe siècle[20], les généralités et intendances de Rouen et d’Amiens sous l’Ancien Régime. Depuis la Révolution, le fleuve délimite les départements de la Somme et de la Seine-Maritime, autrefois Seine-Inférieure, et ainsi, depuis les années 1950, les régions Picardie et Haute-Normandie.

Cette fonction de frontière s’illustre dans un épisode (légendaire) de la Vie de Saint Germain de Grande Bretagne, plus connu sous le nom de Saint Germain l’Écossais. Alors que l’Empire romain d’occident avait disparu depuis peu d’années, vers l’an 480, Germain, venu du Cotentin, s’installa sur les bords de la Bresle entre Blangy-sur-Bresle et Aumale, désireux de convertir de nouvelles âmes[21]. Le fleuve séparait encore les anciennes provinces de Belgique et de Lyonnaise, le territoire de cette dernière était, à cet endroit du cours, le domaine du franc Chuchobald, connu sous le nom du tyran Hubaud. Celui-ci menaca Saint Germain de mort s’il osait s’aventurer sur ses terres. Faisant fi des paroles du chef barbare, l’homme d’Église franchit la Bresle et pénétra en territoire hostile[21]. Un guerrier d’Hubaud le reconnaissant lui trancha la gorge de laquelle, selon une légende populaire, une blanche colombe sortit[22]. Les habitants de la région récupérèrent le corps, l’ensevelirent et un important pélérinage se développa en ces lieux (le sarcophage, ayant contenu les restes de Saint Germain, se trouve dans l’église de Saint-Germain-sur-Bresle)[22].

Même si la Bresle marque une frontière entre des unités administratives à diverses périodes de l’histoire, il n’en va de même d’un point de vue linguistique. En effet, l’étroit territoire compris entre sa vallée et celle de l’Yères, située plus à l’ouest, constitua jusque dans les années 1950 une aire linguistique originale caractérisée par l’usage généralisé d’un dialecte franchement picard en terre normande. Des spécialistes, tel Robert Loriot, ont pu ainsi employer le terme de butte-témoin dialectale[23].

Le patrimoine de la vallée, héritage d’une longue occupation humaine [modifier]
La collégiale Notre-Dame et Saint-Laurent d’Eu.
La collégiale Notre-Dame et Saint-Laurent d’Eu.

Sur une cinquantaine de kilomètres, d’Aumale à la mer, la vallée de la Bresle garde de nombreux témoignages patrimoniaux de sa longue occupation par les hommes attirés par les facilités de communication, la présence d’un cours d’eau au débit régulier. Près de Blangy-sur-Bresle, des productions du néolithique, retrouvées sur le mamelon de Campigny, ont laissé leur nom à une industrie de cette période: le « campignien »[24]. La période gallo-romaine est présente avec les ruines d’une grande villa, véritable palais rural, découverte grâce à la prospection aérienne près de Vieux-Rouen-sur-Bresle[25] et surtout le site archéologique de Bois-l’abbé près de la ville d’Eu. Sur un espace couvrant plusieurs dizaines d’hectares, à deux kilomètres au sud de la cité, s’étendent les vestiges d’une agglomération, Augusta ambianorum, occupée du milieu du Ier siècle à la fin du IVe siècle, dont les fonctions sont encore mal établies, chef-lieu de pagus des Catuslogi et/ou ville-sanctuaire oubliée. Les fouilles ont permis de dégager plusieurs temples, des thermes publics (dont un établissement destiné uniquement aux femmes), un théâtre pouvant accueillir 5 000 spectateurs[26].

Le Moyen Âge, à partir du traité de Saint-Clair-sur-Epte, signé en 911, qui scella la naissance du duché de Normandie, vit l’érection de nombreux châteaux et églises. La fonction frontalière du fleuve fit que l’on confia les territoires couvrant la vallée et les plateaux la bordant à de puissants personnages qui laissèrent leur empreinte à travers de multiples constructions. L’édifice préservé le plus important de cette période est la collégiale Notre-Dame et Saint-Laurent d’Eu. Édifiée entre 1186 et 1280 en l’honneur de Saint-Laurent O’Tool, archevêque de Dublin, mort au monastère de la ville en 1181, cette église présente un des premiers types de l’art gothique normand au XIIIe siècle[27]. Capitale du comté éponyme, créé en 996, la ville d’Eu fut le lieu du mariage de Guillaume le Conquérant et de Mathilde de Flandres célébré en son château vers 1050[28] et de célèbres tournois de chevalerie auxquels participa Guillaume le Maréchal, le « meilleur chevalier du monde » d’après Georges Duby[29]. Durant la même période, le port voisin du Tréport, siège d’une abbaye bénédictine fondée en 1036 par Gilbert de Brionne, comte d’Eu[30], se développa avec le détournement du cours de la Bresle par Henri Ier, autre comte, au début du XIIe siècle, vers 1101 et, surtout, grâce à la liberté de commerce accordée à tous les navires venant au Tréport et à Eu par Henri II Plantagenêt à la même période[30]. La fin du Moyen Âge et les débuts de l’Époque moderne furent plus difficiles : en 1472, Charles le Téméraire prit et mit à sac Aumale n’épargnant même pas l’abbaye[31], en 1475, Louis XI, voulant empêcher Édouard IV d’Angleterre de s’emparer du Tréport et de Eu, donna l’ordre d’incendier les deux cités dont seules les églises furent épargnées[32].
Catherine de Clèves.
Catherine de Clèves.
Eugène-Louis Lami, L’arrivée de la reine Victoria au château d’Eu en 1843, 1843, Musée national du château de Versailles.
Eugène-Louis Lami, L’arrivée de la reine Victoria au château d’Eu en 1843, 1843, Musée national du château de Versailles.

La période du XVIe siècle au XIXe siècle fut marquée, dans la vallée de la Bresle, par la présence et l’action de personnalités de premier plan et la construction de nouveaux édifices (Église Saint-Pierre et Saint-Paul d’Aumale édifiée de 1508 à 1610[33], église Saint-Jacques du Tréport construite à partir de la seconde moitié du XVIe siècle[34]). Le XVIe siècle porte l’empreinte de Catherine de Clèves et de son mari, Henri Ier de Guise dit « le Balafré », comtesse et comte d’Eu, qui commencèrent l’édification des principaux monuments de la ville : l’actuel château en 1578[32], le collège des Jésuites en 1580 et la chapelle attenante en 1613 où reposent les deux époux[35]. Au XVIIe siècle émergent les personnalités de Mme de Joyeuse, belle-fille de Catherine de Clèves, qui fit bâtir un Hôtel-Dieu, tenu, à partir de 1658, par les sœurs hospitalières de la Miséricorde de Jésus, de l’ordre de Saint-Augustin[35] et de la duchesse de Montpensier dite la « Grande Demoiselle » à qui l’on doit l’embellissement du château et l’aménagement de ses jardins à la française[36]. Ce fut sans doute au XIXe siècle, sous le règne de Louis-Philippe Ier (1830-1848), que la vallée connut son apogée, le dernier roi de France faisant du château d’Eu une de ses résidences favorites, permettant ainsi le développement du commerce et de l’artisanat, y recevant, à deux reprises, en 1843 et en 1845, la reine Victoria pour y sceller la reconciliation franco-britannique[37]. La fin du siècle fut marquée par la mise en service, le 1er juillet 1875, de la voie ferrée Paris-Nord - Le Tréport-Mers[38], empruntant la vallée de la Bresle, qui favorisa l’activité verrière en lui offrant de nouveaux débouchés (voir paragraphe suivant) et le tourisme avec la mode des bains de mer au Tréport et à Mers-les-Bains qui devinrent des stations balnéaires très prisées.

Les communes de la vallée de la Bresle subirent de graves destructions durant la Seconde Guerre mondiale. Si au Tréport et à Eu les dégâts furent importants, les villes d’Aumale et de Blangy-sur-Bresle furent littéralement ravagées par les bombardements allemands de 1940, puis alliés de 1944, la majeure partie des habitats traditionnels disparut à cette période[39].

La navigation sur la Bresle [modifier]
Delahuppe, Vue du château d’Eu depuis la Bresle, 1825 (Musée Louis-Philippe, Eu)
Delahuppe, Vue du château d’Eu depuis la Bresle, 1825 (Musée Louis-Philippe, Eu)

Bien qu’il soit quasiment impossible d’affirmer quand des bateaux commencèrent à naviguer sur le fleuve, le cours aval de la Bresle semble avoir été remonté, depuis l’Antiquité, sur plusieurs kilomètres (au moins jusqu’à l’emplacement de l’actuelle ville d’Eu) par des embarcations maritimes. Des navires utilisaient vraisemblablement la rivière, au-delà du Tréport, pour assurer le transport de marchandises à destination ou en provenance de la cité romaine d’Augusta ambianorum établie sur les hauteurs du plateau de Beaumont[26]. Au Moyen Âge, les difficultés de navigation, liées à la sinuosité du fleuve, conduisirent à la rectification du cours de la Bresle, déjà citée, au début du XIIe siècle, mais cette initiative aboutit à un ensablement progressif du port du Tréport[40]. Il fallut attendre la seconde moitié du XVe siècle pour qu’un canal rectiligne soit creusé entre Eu et le Tréport, vers l’an 1460, par Charles d’Artois, comte d’Eu, permettant l’établissement d’un véritable port dans la capitale du comté. Ce port se situait non loin du château, à la confluence de la Bresle et de la Busine, un des bras du fleuve côtier qui se sépare du lit principal à la limite des territoires communaux actuels d’Eu et de Ponts-et-Marais[40]. À la fin du XVIIIe siècle, le duc de Penthièvre, qui se livra à de nombreux aménagements dans ses possessions eudoises, tenta de creuser un nouveau canal au début des années 1770[40], reliant directement le port du Tréport au château d’Eu ; cette tentative, parallèle à l’ouvrage précédent, échoua[41].
Le port de la ville d’Eu sur la Bresle au début du XXe siècle
Le port de la ville d’Eu sur la Bresle au début du XXe siècle

Quelques décennies plus tard, sous le règne de Louis-Philippe Ier, des travaux s’engagèrent, le canal fut agrandi, le chenal approfondi. À partir de 1841, des navires de haute mer d’un plus grand gabarit purent remonter le cours jusqu’à Eu à trois kilomètres de l’embouchure[36]. Des bateaux venus de Norvège acheminaient de la glace (celle-ci, une fois débarquée, était conservée dans une glacerie) destinée à la cour du roi. L’activité portuaire ne connut jamais la même intensité après la disparition de la monarchie de Juillet en 1848 mais perdura jusqu’à la Première Guerre mondiale, de petits caboteurs à voile venant encore relacher à Eu. Aujourd’hui, le canal, d’une longueur exacte de 2,8 km, est toujours en service, même si son trafic est quasi nul ; il est géré par la Direction départementale de l’Équipement. Il offre aux éventuels navires qui l’empruntent une largeur utile de 9 m, un mouillage de 3,80 m, une hauteur libre illimitée (de 2,78 m si on ne manœuvre pas les ponts tournants) et il comporte deux écluses maritimes à simple porte[42]. Tous les deux ans (les années impaires) depuis 1997, durant une dizaine de jours au mois d’août, un village viking s’installe sur des terrains longeant la Bresle en contrebas du château d’Eu. Reconstitutions d’habitats traditionnels, animations proposées par des figurants en costume venus de nombreux pays d’Europe du nord et de l’est, attirent plusieurs milliers de visiteurs (20 000 pour les éditions 2003, 2005[43] et 2007[44]), c’est surtout l’occasion de voir des drakkars naviguer sur la Bresle entre Eu et Le Tréport.

Activités économiques : La vallée de la Bresle - The Glass Valley [modifier]
Logo du pôle verrier de la vallée de la Bresle.
Logo du pôle verrier de la vallée de la Bresle.

L’activité économique de la vallée de la Bresle (comprise entre Le Tréport et Aumale, soit une cinquantaine de kilomètres) se caractérise par la forte place de l’industrie. C’est en effet la première zone de Haute-Normandie pour la part de l’emploi dans ce secteur, qui regroupe 44 % des salariés dont beaucoup travaillent dans de grosses unités de production[45]. Ce poids du secteur secondaire explique un sous-développement du secteur tertiaire dans des domaines aussi variés que les services publics ou ceux destinés aux particuliers. Comme l’indique une étude de l’INSEE, la vallée de la Bresle se présente comme la dernière zone d’emploi de la Haute-Normandie dans des activités telles que les administrations publiques, l’éducation, la santé, l’action sociale et le tourisme[46].

La vallée de la Bresle est surtout connue pour son activité verrière présente depuis le Moyen Âge ; les premières mentions qui en font état remontent à 1402[47]. À l’origine, les verreries se localisaient en lisière de la forêt d’Eu qui assurait l’alimentation en bois nécessaire pour le chauffage des fours et en fougères dont les cendres fournissaient la potasse indispensable à la fusion du sable[48] extrait dans la Bresle (sable fluviatile d’une grande pureté)[49]. Elles étaient la propriété de gentilshommes verriers (le travail du verre étant considéré comme un art noble) qui s’étaient vu accorder ce privilège par les comtes d’Eu. La réputation de la verrerie de la vallée de la Bresle dépassa vite les frontières du royaume de France ; dans les années 1560, Philippe II d’Espagne fit ainsi appel aux maîtres-artisans de la région pour vitrer l’Escurial[49]. Au XIXe siècle, avec l’arrivée du chemin de fer qui acheminait le charbon remplaçant le bois, l’industrie du verre se déplaça dans la vallée[47]. Les capitaines d’industrie qui avaient pris la place des anciens gentilshommes verriers abandonnèrent la fabrication artisanale pour la production en série et ils orientèrent leurs entreprises vers le flaconnage de luxe pour les parfums et alcools ou en direction de l’industrie pharmaceutique, bénéficiant du savoir-faire de la main d’œuvre locale[50]. Depuis, l’industrie verrière de la vallée de la Bresle est toujours parvenue à surmonter les crises, à s’adapter au marché et elle demeure une référence dans son domaine de production.
Flacons de parfum de la vallée de la Bresle.
Flacons de parfum de la vallée de la Bresle.

En 2006, le pôle verrier de la vallée de la Bresle employait environ 7 300 personnes[51], dont près de 6 000 dans la vallée proprement dite, et il réalisait un chiffre d’affaires de l’ordre de 940 millions d’euros, dont 75 % à l’exportation[52]. Il s’agit donc du premier pourvoyeur d’emplois du bassin représentant plus de 65 % des effectifs industriels (13 % des effectifs du secteur au niveau national). Les six verriers de la région occupent une position de leader mondial sur le marché du flaconnage et fournissent près de 80 % des flacons de parfum de haut de gamme dans le monde[45]. La présence, sur le pôle, de grands groupes comme Saint-Gobain - Desjonquères (1 450 employés), Pochet – Le Courval (1 640 employés) et Saverglass (1 100 employés)[53], qui employaient, toujours en 2006, à eux seuls près de 4 200 salariés, contribue largement à son dynamisme et à sa renommée[45]. Leurs unités de production sont respectivement installées à Mers-les-Bains, Hodeng-au-Bosc et Feuquières[54]. Autour de la fabrication de verre creux (flacons de parfums), des activités connexes se sont développées telles que la fabrication des moules et des pièces de fonte (métallurgie), les activités de conception en amont, le parachèvement (finition et décor) en aval. Depuis 1999, l’État a reconnu le pôle verrier de la Vallée de la Bresle comme district industriel ou système productif localisé, c’est-à-dire un bassin d’emploi développé autour d’un même savoir-faire traditionnel[55]. L’industrie du verre bénéficie du label « Vallée de la Bresle - Glass Valley », référence mondiale dans le domaine du flaconnage de luxe (tout particulièrement apprécié dans le domaine de la parfumerie et dans l’industrie pharmaceutique)[55]. Depuis le milieu de l’année 2006, la décision de Saint-Gobain de céder son secteur flaconnage aux fonds de pension Sagard et Cognetas suscite l’inquiétude auprès des salariés qui craignent une suppression importante de postes, plus de 450 prévus à l’horizon 2011[56]. Toutefois, les autres entreprises verrières n’offrent pas les mêmes perspectives ainsi que l’attestent de nouvelles embauches par l’usine Saverglass de Feuquières[57] ou le dynamisme de Rexam Dispensing System au Tréport[58].

Les équipements mécaniques, la transformation des métaux, les équipements électriques et électroniques qui sont en recul assez net, la chimie, le caoutchouc et les plastiques ainsi que l’industrie agro-alimentaire constituent les autres sources d’emploi dans le domaine industriel[45]. Les activités agricoles ne sont pas absentes ; toutefois il existe une opposition entre la rive picarde qui se consacre davantage aux cultures industrielles (betteraves à sucre, pommes de terre) et la rive normande, plus spécialisée dans l’élevage bocager[7].

Environnement [modifier]

La Bresle est prisée des pêcheurs et naturalistes en raison de son patrimoine piscicole et d’un paysage relativement épargné par les activités humaines. Si l’environnement du fleuve côtier repose beaucoup sur la richesse de son ichtyofaune, la présence d’autres animaux et d’espèces végétales rares ont conduit le réseau Natura 2000 à envisager le classement de la majorité du cours (soit une superficie de 1 017 hectares) comme site d’importance communautaire[59].

Milieu aquatique et ichtyofaune [modifier]
Étang dans la vallée de la Bresle, près de Ponts-et-Marais.
Étang dans la vallée de la Bresle, près de Ponts-et-Marais.

Des dizaines d’étangs (à Ponts-et-Marais, Bouvaincourt-sur-Bresle, Incheville, Beauchamps, Gamaches, Blangy-sur-Bresle ou encore Hodeng-au-Bosc avec l’étang au Val Doré) parsèment le fond de la vallée, lequel est encore localement préservé par un taux important d’enherbement et des linéaires boisés sur les plateaux ou pentes[59]. De nombreux poissons migrateurs, considérés comme de bons bioindicateurs, viennent encore y frayer. Le fleuve est, avec l’Authie, l’un des rares cours d’eau de la Seine au Danemark à encore accueillir le saumon atlantique[60]. Y remontent également chaque année de 1 000 à 3 000 truites de mer[61]. Néanmoins, des migrateurs autrefois très communs, comme l’anguille, y régressent de manière préoccupante, alors que la pêche à la civelle (jeune anguille) n’y est pas pratiquée[62]. Pour connaître les migrations (montée des adultes, descente des smolts - poissons marins qui survivent en eau douce) et mener un suivi scientifique des espèces, deux stations de comptage, gérées par l'l’Office National de l’Eau et des Milieux Aquatiques (ONEMA), ont été mises en place sur le fleuve, à Eu pour la montée, au Lieu-Dieu, à Beauchamps, pour la descente[63]. Ces dernières permettent un suivi scientifique

Classée cours d’eau à salmonidés depuis 1987[64], la Bresle (ainsi que ses affluents) est soumise au nom du Code de l’environnement (arrêté du 18 avril 1997) à l’obligation de libre circulation des poissons migrateurs[65]. En effet, de nombreux barrages (moulins par exemple) rendent infranchissables le passage pour les saumons atlantiques et les truites de mer contribuant à leur déclin. Une étude a été engagée par l’EPTB-Bresle d’Aumale établissant une liste des ouvrages devant être aménagés en priorité pour permettre la descente et la montée de toutes les espèces. Présentée en septembre 2007, elle recense une vingtaine de points noirs sur lesquels des travaux devraient s’engager après avoir pris beaucoup de retard sur la législation en vigueur[66]. Les impacts environnementaux de l’industrie et de l’urbanisation sont en diminution, mais les rejets de l’agriculture (engrais, pesticides) peuvent ajouter leurs effets aux pollutions des sédiments dues à l’industrie verrière ou métallurgique. Malgré ces menaces, la Bresle offre de nombreux parcours de pêche, aux truites de mer dans la basse vallée, aux truites fario en amont, aux grosses carpes, aux poissons blancs (ablettes, gardons) et aux carnassiers (brochets) dans les nombreux plans d’eau[67]. Les différents parcours de pêche de la Bresle et de ses plans d’eau (13 au total) sont gérés par des Associations Agréées pour la Pêche et la Protection des Milieux Aquatiques (AAPPMA)[68].

Faune et flore de la vallée [modifier]
Un grand murin.
Un grand murin.

La vallée (lit mineur et lit majeur du fleuve) ainsi que les côteaux offrent une grande diversité floristique avec la présence de beaux peuplements d’orchidées et de genévriers (Juniperus communis) sur les pelouses crayeuses ainsi que de belles hêtraies appelées hêtraies de l’asperulo-fagetum[69]. Outre la présence d’espèces communes (Sanglier, Cerf) et du Chat sauvage dans la haute vallée, le lieu abrite des mammifères plus rares[59], tout particulièrement quatre espèces de chauve-souris : le Grand murin, le Grand rhinolophe, le Vespertilion à oreilles échancrées et le Vespertilion de Bechstein et quatre espèces de libellules menacées (tout particulièrement l’Agrion de Mercure ou Coenagrion mercuriale)[70] que l’on ne retrouve dans nul autre endroit au nord de la France). En automne et en hiver, quelques étangs abritent des stationnements importants de quelques oiseaux : Grèbe castagneux, Grèbe huppé et Foulque macroule en particulier[71].

En attendant un hypothétique classement de l’ensemble du cours comme site d’importance communautaire (voir plus haut), certaines zones d’intérêt écologique reconnu bénéficient de mesures de classement spécifiques. C’est le cas du « Bois sous la ville », petit espace sis sur le territoire communal de Ponts-et-Marais, inscrit depuis 2006 à l’inventaire national du patrimoine naturel national comme « Zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique » (ZNIEFF)[72]. Sur un peu plus d’une dizaine d’hectares se développe une aulnaie humide. Cette formation végétale se compose d’aulnes poussant sur des terrains détrempés par la nappe d’eau superficielle empêchant leur enracinement profond et d’un sous-bois discontinu où se retrouvent carex, fougères et diverses plantes herbacées comme la canneberge (Vaccinium oxycoccus).

Découverte et tourisme [modifier]
Le moulin d’Oust-Marest illustre l’ancienne activité meunière de la Bresle.
Le moulin d’Oust-Marest illustre l’ancienne activité meunière de la Bresle.

Des musées, consacrés à l’activité verrière, ont été ouverts au public à Eu (musée "Traditions verrières")[73] et à Blangy-sur-Bresle (au manoir de Fontaine)[74]. Les visiteurs peuvent découvrir l’histoire du verre et du flaconnage, les différentes étapes du travail du verre (de la matière première jusqu’à l’emballage), les outils et machines actuels, des collections de flacons de parfum de luxe, et assister régulièrement à des démonstrations de soufflage de verre par des maîtres-verriers.

En parcourant la vallée de la Bresle, le visiteur a l’occasion de découvrir des vestiges de l’ancienne activité meunière à travers les restes, plus ou moins bien entretenus, des moulins qui s’égrenaient le long du cours (près de 130 étaient recensés dans la première moitié du XIXe siècle[75] dont 66 dans les 30 premiers kilomètres[76].) : moulin à céréales, moulin à huile, moulin à tan (écorces de chêne réduites en poudre servant au tannage des peaux), moulin à ciment, moulin à tourner le bois, moulin à poudre, moulin servant de force motrice à des usines textiles… Seuls quelques édifices ont survécu aux outrages du temps et aux démolisseurs. À Aumale, le moulin du Roy, construit au XIXe siècle et qui anima une minoterie (établissements Lambotte) jusqu’en 1972 est, depuis 2004 classé à l’inventaire des monuments historiques, il offre un exemple rare de l’ultime évolution de la meunerie qui vit le remplacement des meules par des broyeurs à cylindres[77]. À Saint-Germain-sur-Bresle, un moulin édifié en 1782 (aujourd’hui transformé en gîte rural), servait de force motrice à une filature de lin[78], représentative de l’ancienne activité textile de la haute vallée de la Bresle qui périclita dès la fin du XVIIIe siècle[79] ; la serge d’Aumale était assez connue à Paris pour que Molière la cita dans une de ses pièces[80]. Plus en aval, trois autres édifices présentent un bon état de conservation : à Blangy-sur-Bresle, le moulin de Fontaine (moulin à blé du XVIIIe siècle)[81], à Monchaux-Soreng le moulin de la scierie Quenot-Bois[81], à Oust-Marest, un autre moulin à céréales du XVIIIe siècle a été restauré. En revanche, les importants moulins Packham, propriétés des comtes d’Eu et installés au pied du château d’Eu, ont disparu, détruits par un incendie en 1905 ; ils offraient un exemple d’activités diversifiés puisqu’on y moulait blé et orge, sciait du bois pour fabriquer des parquets, pressait des graines de lin pour en obtenir de l’huile ; on y cuisait même des biscuits de mer[82]

Le Chemin des étangs permet de parcourir, à pied ou en vélo, la basse vallée de la Bresle entre Eu et Incheville. De nombreuses activités nautiques (voile, planche à voile, canoë…) peuvent être pratiquées sur les nombreux étangs qui jalonnent le cours du petit fleuve.

Départements et principales communes traversés [modifier]
commons:Accueil


Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur la Bresle.

* Oise (60) : Abancourt, Quincampoix-Fleuzy
* Somme (80) : Senarpont, Gamaches, Beauchamps, Bouvaincourt-sur-Bresle, Mers-les-Bains
* Seine-Maritime (76) : Aumale, Vieux-Rouen-sur-Bresle, Hodeng-au-Bosc, Nesle-Normandeuse, Blangy-sur-Bresle, Incheville, Ponts-et-Marais, Eu, Le Tréport.

Bibliographie [modifier]

* J.-C. Lecat, La région industrielle de la Bresle, Études normandes, n°222, 3e trimestre 1969.
* Jacques Hétru, Le verre: l’art et la matière, Éd. Bertout, Luneray, 1996 (ISBN 2-86743-264-2)
* Philippe Gillet, Pochet Le Courval, Les maîtres du verre et du feu : quatre siècles d’excellence, Perrin, Paris, 1998 (ISBN 978-2262013424)
* Albert Hennetier, Aux sources normandes: Promenade au fil des rivières en Seine-Maritime, Éd. Bertout, Luneray, 2006 (ISBN 978-2867436239)
* J.-L. Mériaux, J. Duvigneaud, J.-R. Wattez, M. Coste et F. Sueur, Étude inter-agences. Connaissance et fonctionnement des milieux aquatiques. Relevés floristiques. Déterminations taxonomiques et physico-chimie sur 12 cours d’eau français. Application aux rivières Aa et Bresle. Agence Eau Seine-Normandie, AMBE, 1995, 72 p.
* J.-L. Mériaux, J. Duvigneaud, J.-R. Wattez, M. Coste et F. Sueur, Étude inter-agences. Connaissance et fonctionnement des milieux aquatiques. Relevés floristiques. Déterminations taxonomiques et physico-chimie sur 12 cours d’eau français. Fichier Bresle. Agence Eau Seine-Normandie, AMBE, 1995, 579 p.

Notes et références [modifier]

1. ↑ 68 km sur le site du SANDRE, 71 km selon l’EPTB d’Aumale, 72 km d’après le Quid, le Petit Larousse, l’Encyclopédie Encarta et Pierre-Jean Thumerelle dans son article consacré au fleuve.
2. ↑ a  b  c  L’étymologie de la Bresle sur www.marikavel.org. Consulté le 12 juin 2008.
3. ↑ Cette dénomination se retrouve dans le nom de la ville d’Eu
4. ↑ L’origine de ce nom demeure inconnue, aucune des hypothèses avancées n’étant satisfaisante.
5. ↑ Article de Pierre-Jean Thumerelle in Guide des merveilles naturelles de la France, Sélection du Reader’s Digest, 1973, p. 133.
6. ↑ Article de Pierre-Jean Thumerelle in Guide des merveilles naturelles de la France, Sélection du Reader’s Digest, 1973, p. 502.
7. ↑ a  b  c  Frédéric Pitois et Alain Jigorel, Mesure du concrétionnement calcaire dans les rivières de Haute-Normandie, INSA de Rennes, 2004, p. 32.
8. ↑ a  b  Statistiques sur le site de l’institution interdépartementale Oise - Seine Maritime - Somme pour la gestion et la valorisation de la Bresle. Consulté le 12 juin 2008.
9. ↑ Institution départementale Pas-de-Calais/Somme pour l’aménagement de la vallée de l’Authie, Le bassin versant de l’Authie Lire en ligne. Consulté le 12 juin 2008.
10. ↑ Voir l’arrêté sur le site l’Institution interdépartementale Oise - Seine Maritime - Somme pour la gestion et la valorisation de la Bresle. Ouvrir le doc. word en bas de page. Consulté le 12 juin 2008.
11. ↑ Site du nouvel établissement public territorial de bassin. Consulté le 12 juin 2008.
12. ↑ Le projet du SAGE Bresle sur gesteau.eaufrance.fr. Consulté le 12 juin 2008.
13. ↑ Le COGE sur le site de l'EPTB-Bresle. Consulté le 24 juin 2008.
14. ↑ Données recueillies sur le site du SANDRE. Tapez le nom du cours d’eau. Consulté le 12 juin 2008.
15. ↑ Station hydrologique de Ponts-et-Marais. Naviguer sur la page pour obtenir les différentes données hydrologiques, code de la station : G0402020. Consulté le 12 juin 2008.
16. ↑ Gérard Granier, François Gay, Jacques Garnier, La Haute-Normandie : géographie d’une région, Éd. du P’tit Normand, 1988, p. 19 (ISBN 2906258113). Les contrées riveraines de la Haute-Normandie sont prises en compte dans l’étude et la cartographie.
17. ↑ Fiche de la station hydrologique de Ponts-et-Marais, Direction régionale de l'environnement de Haute-Normandie. Consulté le 12 juin 2008.
18. ↑ Le débit de la Bresle à Ponts-et-Marais[pdf] sur le site de l’AREHN, p. 2. Consulté le 12 juin 2008.
19. ↑ Les chiffres délivrés pour le bassin versant de la Seine correspondent aux données enregistrées à la station hydrologique du Havre, code : H9950010. Consulté le 12 juin 2008.
20. ↑ L’Informateur, édition du 25 juillet 2002 Lire en ligne. Consulté le 12 juin 2008.
21. ↑ a  b  Cet épisode de la vie de Saint-Germain l’Écossais sur marikavel.com. Consulté le 12 juin 2008.
22. ↑ a  b  Guide Bleu Normandie, Hachette, Éd. de 1988, p. 588.
23. ↑ Robert Loriot, La frontière dialectale moderne en Haute-Normandie, Amiens, 1967, p. 87 -91.
24. ↑ Guide Bleu Normandie, Hachette, Ed. de 1988, p. 587.
25. ↑ La villa de Vieux-Rouen-sur-Bresle sur le site du Ministère de la culture. Consulté le 12 juin 2008.
26. ↑ a  b  Article de Laurent Cholet et Éric Follain, dans Archéologia, n° 375, février 2001, p. 30 à p. 37.
27. ↑ Guide Bleu Normandie, Hachette, Ed. de 1988, p. 303
28. ↑ Biographie de Guillaume le Conquérant sur Normandie Web: Histoire. Consulté le 12 juin 2008.
29. ↑ Georges Duby, Guillaume le Maréchal ou le meilleur chevalier du monde, Librairie Arthème Fayard, 1984, p. 112 (dans l’édition France loisirs).
30. ↑ a  b  Guide Bleu Normandie, Hachette, Éd. de 1988, p. 585.
31. ↑ L’histoire d’Aumale sur le site de la commune. Consulté le 12 juin 2008.
32. ↑ a  b  Histoire du château d’Eu sur le site de la ville. Consulté le 12 juin 2008.
33. ↑ Guide Bleu Normandie, Hachette, Éd. de 1988, p. 589.
34. ↑ L’église Saint-Jacques sur le site de la ville du Tréport. Consulté le 12 juin 2008.
35. ↑ a  b  Les édifices religieux d’Eu sur le site de la commune (consulté le 12 juin 2008). Cette chapelle fut construite par Catherine de Clèves en mémoire de son époux assassiné à Blois en 1588.
36. ↑ a  b  L’histoire de la ville d’Eu sur le site de la commune. Consulté le 12 juin 2008.
37. ↑ Ernest Daudet, La reine Victoria en France (1843), Revue des deux mondes, mars 1902, dans Wikisource Lire en ligne. Consulté le 12 juin 2008.
38. ↑ Voir Hervé Bertin, Petits Trains et Tramways haut-normands, Cénomane/La Vie du Rail, Le Mans, 1994 (ISBN 2-905596-48-1 et ISBN 2-902808-52-6), p. 20.
39. ↑ Albert Hennetier, Aux sources normandes : Promenade au fil des rivières en Seine-Maritime, p. 80 et p. 82
40. ↑ a  b  c  Les aménagements de la basse vallée de la Bresle sur le site de la ville du Tréport. Consulté le 12 juin 2008.
41. ↑ Les vestiges de ce canal ont été transformés en lieu de promenade et présentent un grand au sein d’un espace fortement urbanisé. Consulté le 12 juin 2008.
42. ↑ Le canal d’Eu au Tréport sur le dictionnaire des rivières et canaux de France. Consulté le 12 juin 2008.
43. ↑ L’Informateur, édition du 11 août 2005 Lire en ligne. Consulté le 12 juin 2008.
44. ↑ L’Informateur, édition du 15 août 2007 Lire en ligne. Consulté le 12 juin 2008.
45. ↑ a  b  c  d  Données statistiques et informations économiques extraites d’un article du journal - Les Échos - édition du 7 juillet 2005.
46. ↑ La zone d’emploi de la vallée de la Bresle sur le site du CREFOR-Haute- Normandie Lire en ligne. Consulté le 12 juin 2008.
47. ↑ a  b  L’industrie du verre dans la vallée de la Bresle sur flacon-verre.com. Consulté le 12 juin 2008.
48. ↑ L’art du verrier consiste à abaisser le point de fusion de la silice en rompant les enchaînements Si-O-Si grâce à la réaction d’oxydes alcalins fournis par la potasse.
49. ↑ a  b  Les gamins verriers de la Bresle, du Tréport et de Eu, Rouen Lecture Normandie, n°68, mars 2002 Lire en ligne. Consulté le 12 juin 2008.
50. ↑ J.-C. Lecat, La région industrielle de la Bresle, p. 4.
51. ↑ Addition de l’ensemble des effectifs des entreprises du pôle verrier sur le site flacon-verre.com (consulté le 12 juin 2008). L’article des Échos évoquait 7 100 emplois en 2005.
52. ↑ Addition de l’ensemble des CA des entreprises présentes sur le site flacon-verre.com. Consulté le 12 juin 2008.
53. ↑ Tapez le nom de l’entreprise pour obtenir sa fiche signalétique et l’adresse de son site sur flacon-verre.com. Consulté le 12 juin 2008.
54. ↑ L’entreprise Saverglass de Feuquières appartient au pôle verrier de la vallée de la Bresle bien que ne faisant pas partie géographiquement de cette dite vallée, Feuquières étant située à quelques kilomètres au sud-est d’Abancourt qui voit naître la Bresle.
55. ↑ a  b  La reconnaissance du savoir-faire des verriers de la vallée de la Bresle sur flacon-verre.com. Consulté le 12 juin 2008.
56. ↑ L’Informateur, édition du 21 février 2007 Lire en ligne. Consulté le 12 juin 2008.
57. ↑ L’Informateur, édition du 21 mars 2007 Lire en ligne. Consulté le 12 juin 2008.
58. ↑ L’informateur, édition du 21 mars 2007 Lire en ligne. Consulté le 12 juin 2008.
59. ↑ a  b  c  Fiche Natura 2000 sur la vallée de la Bresle sur le site du Ministère de l’environnement. Consulté le 12 juin 2008.
60. ↑ Les dates d’ouverture peuvent en différer pour la rive gauche et la rive droite (projet d’harmonisation porté par le Conseil supérieur de la pêche). Consulté le 12 juin 2008.
61. ↑ La lettre d’information sur la Bresle, n°5, novembre 2006 Lire en ligne[pdf]. Consulté le 12 juin 2008.
62. ↑ Fiche de la DIREN[pdf] sur le site du ministère de l’environnement. Consulté le 12 juin 2008.
63. ↑ Lettre de la Bresle, n°6, décembre 2007, p. 3 Lire en ligne. Consulté le 24 juin 2008.
64. ↑ Le classement de la Bresle comme cours d'eau à salmonidés sur le site de la Direction régionale de l'environnement. Consulté le 12 juin 2008.
65. ↑ Le rétablissemnt de la circulation pour les poissons migrateurs sur le site de EPTB-Bresle. Consulté le 12 juin 2008.
66. ↑ Étude sur le rétablissement de la libre circulation des poissons migrateurs Lire en ligne[pdf]. Consulté le 12 juin 2008.
67. ↑ Les parcours de pêche dans la vallée de la Bresle sur sur le site de l’EPBT-Bresle Regarder en igne[pdf]. Consulté le 12 juin 2008.
68. ↑ Les différents parcours de pêche sur la Bresle sur cette photographie.
69. ↑ Caractéristiques des hêtraies du asperulo-fagetum sur le site de la Direction régionale de l’environnement de Bretagne. Consulté le 12 juin 2008.
70. ↑ Fiche sur cette libellule sur galerie-insecte.org. Consulté le 12 juin 2008.
71. ↑ Les oiseaux dans la vallée de la Bresle[pdf] sur picardie-nature.org. Consulté le 12 juin 2008.
72. ↑ Le Bois sous la ville sur le site du Conservatoire des sites naturels de Haute-Normandie. Consulté le 12 juin 2008.
73. ↑ Le musée "Traditions verrières" sur ce site personnel. Consulté le 12 juin 2008.
74. ↑ Albert Hennetier, Aux sources normandes: Promenade au fil des rivières en Seine-Maritime, p. 82.
75. ↑ 145 sont recensés dans le bassin de la Bresle en 1850 sur une carte hydrographique de la Seine-Inférieure des Ponts-et-Chaussées, dans Albert Hennetier, Aux sources normandes: Promenade au fil des rivières en Seine-Maritime, p. 150.
76. ↑ Albert Hennetier, Aux sources normandes: Promenade au fil des rivières en Seine-Maritime, p. 82.
77. ↑ La minoterie Lambotte sur patrimoine-de-france.org. Consulté le 12 juin 2008.
78. ↑ Informations sur le moulin de Saint-Germain-sur-Bresle sur picardietourisme.com. Consulté le 12 juin 2008.
79. ↑ J.-C. Lecat, La région industrielle de la Bresle, p. 24.
80. ↑ L’Avare, acte 2, scène 1.
81. ↑ a  b  Les moulins de Blangy-sur-Bresle et de Monchaux-Soreng sur ce site personnel. Consulté le 12 juin 2008.
82. ↑ Les moulins Packham sur le site de l’académie de Rouen. Consulté le 12 juin 2008.

Voir aussi [modifier]

Liens externes [modifier]
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* (fr) Site de l’institution interdépartementale Oise, Seine-Maritime et Somme, pour la gestion et la valorisation de la Bresle.
* (fr) (en) Site sur l’histoire de la verrerie dans la vallée de la Bresle.
* (fr) Propositions de randonnées dans la vallée de la Bresle.

Liens internes [modifier]

* Fleuve côtier
* Verre
* Industrie du verre
* Histoire du verre
* Soufflage du verre

samedi 16 août 2008

Authie (fleuve)

L’Authie est un fleuve côtier du nord de la France qui se jette dans la Manche après un cours long de 103 kilomètres[1] sis dans les départements de la Somme et du Pas-de-Calais.

Son cours régulier, lié à la présence d'un puissant aquifère, a depuis longtemps attiré les hommes qui y ont développé une activité agricole encore dominante aujourd'hui. La vallée de l'Authie, occupée par de nombreux villages et de petites agglomérations, recèle un riche patrimoine architectural, abbayes et châteaux s'égrenant le long des rives du fleuve tandis que l'embouchure formant une vaste baie, comprise entre Fort-Mahon-Plage et Berck-sur-Mer, typique des estuaires picards, abrite une faune et une flore diversifiées attirant de nombreux visiteurs.
Sommaire
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* 1 Étymologie
* 2 Géographie
o 2.1 Le cours du fleuve
o 2.2 Hydrographie
o 2.3 Hydrologie
* 3 Histoire
o 3.1 Une longue occupation humaine
o 3.2 Patrimoine
* 4 Activités
* 5 Environnement
o 5.1 La baie de l'Authie
o 5.2 Le fleuve et la vallée
* 6 Départements et communes traversés
* 7 Bibliographie
* 8 Notes et références
* 9 Voir aussi
o 9.1 Liens externes
o 9.2 Liens internes

Étymologie [modifier]

L'origine du nom Authie n'est pas établie avec certitude. La dénomination du fleuve, selon les sources, est à rattacher soit à l'hydronyme pré-celtique atur signifiant rivière[2] que l'on retrouve pour de nombreux cours d'eau comme l'Adour, soit au terme celte alt signifiant profond et qui fait ainsi référence au lit encaissé du fleuve[3], soit au mot latin attegia désignant un groupe de pêcheurs et de bûcherons vivant au bord de l'eau[4].

Géographie [modifier]

Le cours du fleuve [modifier]
Localisation du cours de l'Authie.
Localisation du cours de l'Authie.

L'Authie prend sa source à Coigneux au nord d'Acheux-en-Amiénois à 131 m d'altitude[5], arrose la commune d'Authie et adopte une direction ouest - nord-ouest selon l'orientation tectonique générale des cours d'eau de cette région (Somme, Canche) recevant l'apport de son premier affluent notable, la Quilliene, à Thièvres. Le fleuve baigne ensuite Doullens où il conflue avec son principal tributaire (la Grouche), Auxi-le-Château, puis Argoules et Nampont au nord de la forêt de Crécy, avant de se jeter dans la Manche entre Fort-Mahon-Plage (poulier) et Berck (musoir). À noter qu'en pénétrant dans le Marquenterre, l'Authie incline, à cause de l'action de petits affluents, le Fliers en particulier, son cours vers le sud-est, puis forme, à Groffliers, un estuaire qui continue à se déplacer. Son cours sépare, peu après Auxi-le-Château, les départements de la Somme et du Pas-de-Calais, donc les régions Picardie et Nord-Pas-de-Calais.
L'Authie à Doullens.
L'Authie à Doullens.

L'Authie entaille le vaste plateau incliné vers l'ouest occupant l'Artois et le Ponthieu ; une couverture de limons peu épaisse recouvre l'argile à silex et le socle de craie. Ce dernier apparaît sur les versants de la vallée du fleuve côtier qui l'entaille, tandis que le fond de celle-ci est composé d'alluvions.

L'ensemble du cours peut être divisé en plusieurs entités géographiques et paysagères[6] :

* La haute vallée, entre la source sise à Coigneux et les communes d'Occoches et d'Outrebois en aval de Doullens, se caractérise par un habitat de fond de vallée et la présence d'un couvert boisé important.
* La vallée moyenne, entre les villages cités et Dompierre-sur-Authie et Douriez, présente un paysage de peupleraies. L'habitat se localise le long du cours d'eau, mais également perpendiculairement à ce dernier dans les nombreux vallons secs aboutissant à la vallée principale.
* La basse vallée, qui court de Dompierre-sur-Authie à la falaise morte près de Colline-Beaumont, est marquée par la présence de nombreux étangs, les villages s'écartant du fleuve pour se blottir au pied des coteaux.
* Les bas champs et la baie de l'Authie[7] s'ouvrent sur la Manche entre les pointes sableuses du Haut Banc et de Routhiauville, derrière lesquelles l'estuaire du fleuve s'amenuise depuis des siècles. Dans cet espace, des digues appelées renclotûres, mises en place par les paysans du Moyen Âge, ont fait avancer la rive gauche de près de 4 kilomètres. La rive droite a connu alternativement des épisodes d'érosion et d'accumulation au gré des divagations du chenal de l'Authie. Pour limiter celles-ci, une nouvelle digue fut édifiée en 1868, allongée une dizaine d'années plus tard, puis partiellement détruite par le cours d'eau avant d'être ensevelie sous les sables[8].

Hydrographie [modifier]
Icône de détail Article détaillé : Droit et gestion des cours d'eau en France.
Carte du bassin versant de l'Authie.
Carte du bassin versant de l'Authie.

L'Authie bénéficie d'un bassin versant (de 1 304 km²)[6] extrêmement simple qui correspond à un val de l'Artois, où le fleuve, rectiligne, collecte un réseau symétrique d'affluents élémentaires ; la vallée présente toutefois un profil dissymétrique, au versant en pente douce de la rive droite s'oppose le versant raide de la rive gauche[9]. La dissymétrie de la vallée est issue de la sensibilité différente des versants exposés au sud aux phénomènes de cryoclastie liés à l’alternance de gel / dégel lors des périodes de glaciations du quaternaire. Les versants exposés au sud ou à l’est sont ainsi en pente forte et opposés aux versants nord ou ouest en pente douce[10]. En amont de Doullens, ce bassin s'étend cependant au-delà des anticlinaux bordant le val au détriment des bassins de la Somme et de la Canche. La largeur moyenne du petit fleuve est comprise entre 10 et 15 mètres dans la partie aval du cours. Sa pente moyenne naturelle est de un pour mille mais elle est compensée par la présence de 22 barrages[11].

L'ensemble de son bassin s'étend sur plusieurs pays : le Ponthieu et l'Amiénois au sud du cours du fleuve, le Pays de Montreuil et le Ternois au nord et recouvre totalement ou partiellement le territoire de 157 communes (74 dans la Somme, 83 dans le Pas-de-Calais) regroupant 75 200 habitants (28 500 dans la Somme, 46 700 dans le Pas-de-Calais[12]), soit une densité moyenne faible de 57 h/km² (plus élevée dans la vallée que sur les plateaux bordant celle-ci). Seules, six communes du bassin dépassent 2 000 habitants[13].
L'Authie à Frohen-le-Grand
L'Authie à Frohen-le-Grand

L'Institution Interdépartementale Pas-de-Calais/Somme pour l'Aménagement de la Vallée de l'Authie a été fondée en 1993 et a la responsabilité de coordonner actions et projets concernant le fleuve côtier ainsi que de veiller à la qualité de ses eaux[6]. Devenue, le 7 juillet 2006[14], Établissement public territorial de bassin (EPTB), elle est désormais chargée d'élaborer un Schéma d'aménagement et de gestion des eaux (SAGE)[15] dont les objectifs principaux sont d'améliorer la qualité des eaux, de favoriser l'écoulement de celles-ci pour que perdure la richesse biologique du fleuve, mais également d'accompagner les mutations socio-économiques de la vallée en assurant la promotion d'une politique cohérente de développement du tourisme et des loisirs respectueuse de l'environnement[6].

Les affluents de l'Authie sont peu puissants et de faible longueur (d'amont en aval)[16]:

* la Quilliene ou Kilienne (12 km) à Thièvres en rive droite.
* la Grouche (15 km) à Doullens en rive droite.
* la Gézincourtoise (6 km) à Hem-Hardinval en rive gauche.
* la Warnette (5 km) à Raye-sur-Authie en rive droite.
* le Fliers (10 km) à Waben en rive droite.

Hydrologie [modifier]

Dans le cadre d'un régime pluvial océanique, l'Authie assure un débit régulier et relativement soutenu de 10,8 m³/s à l'exutoire[17]. L'ensemble du bassin versant est affecté par un climat océanique caractérisé par une température moyenne annuelle de 10°C, un faible nombre de jours de gel, des précipitations relativement élevées comprises entre 800 et 900 mm par an sauf à proximité de l'estuaire où elles s'abaissent brutalement à moins de 650 mm[18].
Débits mensuels de l'Authie sous la forme d'un histogramme
Débits mensuels de l'Authie sous la forme d'un histogramme

À Dompierre-sur-Authie, à une trentaine de kilomètres de son embouchure[19], le débit de l'Authie, observé sur 45 années (de 1963 à 2007), atteint en moyenne 7,9 m³/s pour un bassin versant de 784 km² (soit guère plus de 60 % de sa superficie totale). Le fleuve présente des variations limitées du module, la période des hautes eaux peut être enregistrée à la fin de l'hiver et au printemps avec une moyenne mensuelle de 9,32 m³/s, 9,36 m³/s et 8,91 m³/s atteinte respectivement en mars, avril et mai. Les basses eaux interviennent à la fin de l'été et durant l'automne avec des débits compris entre 6,39 m³/s et 6,73 m³/s de septembre à novembre (le mois d'octobre voyant le plus bas module de l'année). Les périodes d'étiage, tout comme les crues, sont limitées. La régularité du débit du fleuve s'explique par le puissant aquifère des niveaux crayeux du crétacé (Sénonien[20], Turonien et plus rarement Cénomanien) qui renferme une nappe puissante en communication directe avec les cours d’eau de la région[21]. Cette nappe contribue à 80 % du débit de l'Authie et joue un rôle régulateur. Pendant les mois de faibles précipitations (essentiellement en période estivale), la rivière est alimentée par la nappe, d’autant plus que son niveau est bas par rapport à celui de cette dernière, durant l'automne et l'hiver à plus importante pluviosité, ce sont les hautes eaux de la rivière qui contribuent à la recharge des nappes[22]. Malgré cette caractéristique, la vallée de l'Authie peut connaître des inondations, surtout dans la partie aval du cours entre Dompierre-sur-Authie et Quend sur une superficie estimée à 2 200 hectares. Les crues du fleuve peuvent être localement renforcées par la présence de moulins qui font obstacle à l'écoulement et, à proximité de l'estuaire, par l'influence des marées[23]

En établissant une comparaison entre le débit et le bassin versant, l'Authie présente un module relativement abondant ainsi que l'atteste une lame d'eau de 317 mm/an (bien inférieure à celle du bassin de la Canche de l'ordre de 427 mm mais largement supérieure à celle du bassin de la Somme qui atteint seulement 196 mm, la moyenne nationale étant de 300 mm)[24]. Son débit spécifique (ou Qsp) est de 10 litres par seconde et par kilomètre carré de bassin (9,5 l/s/km² pour l'ensemble des cours d'eau français, mais 13,5 l/s/km² dans le cas du bassin de la Canche et 6,9 pour celui de la Somme)[25].

Histoire [modifier]

Une longue occupation humaine [modifier]
Ne pouvant franchir avec ses troupes les bas champs inondés de l'Authie pour remonter vers le nord, Édouard III est contraint d'affronter l'armée du roi de France qu'il écrase à la bataille de Crécy.
Ne pouvant franchir avec ses troupes les bas champs inondés de l'Authie pour remonter vers le nord, Édouard III est contraint d'affronter l'armée du roi de France qu'il écrase à la bataille de Crécy.

Les premières traces d'occupation humaine de la vallée de l'Authie remontent à 200 à 300 000 années durant le Moustérien. De nombreux outils de l'époque néandertalienne ont été découverts[26] sans pour autant que les sites mis au jour revêtent l'importance de celui trouvé à Caours sur le Scardon à une quinzaine de kilomètres au sud. Si les hommes peuplent la vallée à l'époque gauloise (des bijoux, des armes et des monnaies ont été découverts dans un sanctuaire de l'époque pré-romaine à Dompierre-sur-Authie[27]), puis durant celle de la Belgique romaine, le cours de l'Authie reste à l'écart des grands courants de circulation. Les voies de communication ne suivent pas la vallée orientée d'est en ouest mais la traversent selon une direction nord-sud. Ainsi en va-t-il pour la route de l'étain reliant l'actuel port de Boulogne-sur-Mer au sud de la France avant la période d'occupation romaine[28] ainsi que pour les voies romaines assurant les liaisons entre Paris (Lutecia), Amiens (Samarobriva) et la mer de Bretagne par le port de Boulogne-sur-Mer (Gesoriacum)[28]. La vocation agricole de la vallée est déjà attestée car la prospection aérienne et les fouilles archéologiques ont permis de retrouver de nombreuses grandes exploitations gallo-romaines (villa rustica) notamment à Nampont[29] mais, en revanche, pas d'agglomérations possédant de vastes ensembles monumentaux.
Allée de circulation d'une muche
Allée de circulation d'une muche

La vallée de l'Authie devient, à partir de la guerre de Cent Ans et de la bataille de Crécy, un lieu d'affrontement et un enjeu primordial dans les combats que se livrent les grandes entités politiques. Au XVIe siècle, au cours de la lutte entre la France et les Habsbourgs d'Autriche et d'Espagne, l'Authie devient la frontière entre les Français qui restent maîtres de la Picardie et les Espagnols présents en Artois après la signature du traité de Madrid le 14 janvier 1526 et du second traité de Cateau-Cambrésis le 3 avril 1559[3]. Le cours du fleuve se couvre de puissantes forteresses, françaises au sud, espagnoles au nord. Dans la première moitié du XVIIe siècle, la région sert à nouveau de champ de bataille dans le cadre de la guerre de Trente Ans jusqu'en 1648, puis de la guerre qui oppose la France à l'Espagne jusqu'en 1659. À l'issue de cette dernière, le traité des Pyrénées, signé le 7 novembre 1659, redonne l'Artois à la France et fait perdre à l'Authie son statut frontalier[3]. Les nombreux combats se déroulant dans la vallée, les exactions de la soldatesque entraînent la ruine de nombreux édifices et villages et conduisent les habitants à aménager des muches, souterrains-refuges, établies à proximité ou plus souvent sous leur village où ils peuvent se réfugier en cas de danger avec leurs biens et leur bétail. Il arrive souvent que l'entrée soit localisée dans l'église, la muche se situant sous la place du village, comportant allées de circulation et chambres pour abriter les familles avec animaux, victuailles et toutes les richesses que chacune possédait[30]. Plusieurs dizaines ont été répertoriées dans la Somme et dans le Pas-de-Calais[31], notamment autour de Dompierre-sur-Authie.

L'Artois revenu à la France, l'Authie n'en constitue pas moins une limite administrative entre des provinces au statut fiscal différent. Au nord du fleuve, différentes impositions ne sont pas appliquées comme la gabelle, la taille, les aides et le timbre, ce qui entraîne une contrebande de part et d'autre du cours de la part de Picards cherchant à acheter du sel à moindre coût[3]. Ce problème de délimitation de territoire ne se termine pas avec la fin de l'Ancien Régime et l'établissement des départements par la Révolution, Auxi-le-Château reste ainsi pendant un an, en 1790-1791, divisée en deux, une partie de la commune dans la Somme, l'autre dans le Pas-de-Calais avant de revenir à ce dernier[3].

Comme cela avait été le cas à des époques antérieures, les moyens de communication nouveaux comme le chemin de fer au XIXe siècle évitent la vallée de l'Authie. Aucune voie ferrée, même d'intérêt local, ne s'installe le long du fleuve. Les grands axes ferroviaires se contentent de franchir perpendiculairement l'Authie tout comme les voies routières d'importance. Seules des routes départementales longent le cours d'eau, la D 319 au nord, la D 224 au sud et encore s'en éloignent-elles à proximité de l'estuaire. La vallée présente une faible densité de réseaux de transport si on la compare avec ses homologues septentrionales, en particulier l'Aa[32]

Même si quelques navires de faible tonnage ont remonté le cours de l'Authie dans sa basse vallée à diverses époques de l'histoire, l'Authie n'a jamais été aménagée pour la navigation. Pourtant, en 1272, il est envisagé, par le comte de Ponthieu, Jean de Nesle, le creusement d'un canal de la baie de l'Authie à Rue dont le port commence à s'ensabler, cette voie d'eau devant être alimentée par les eaux de l'Authie. Face aux difficultés techniques, les travaux ne sont pas engagés et l'idée de canal est abandonnée dès 1277[33]. Au XVIIIe siècle, un projet, resté à l'état embryonnaire, de rendre l'Authie navigable de l'embouchure à Doullens a également été établi[6].

Patrimoine [modifier]

Sur une centaine de kilomètres, l'Authie déroule son cours, le long duquel des abbayes, de nombreux châteaux rappellent son riche passé, mais également les nombreuses guerres et ravages que subit cette région.
L'abbaye et les jardins de Valloires
L'abbaye et les jardins de Valloires

Près des sources du fleuve, Authie garde le souvenir, outre son prieuré, édifié dès le VIIe siècle, dépendant de l'abbaye de Corbie, des tisseurs de velours installés au bord d'une retenue d'eau de 1824 à 1957, et de Louis Dewailly, riche négociant amiénois occupant le château et dont l'action en faveur de la commune et de ses habitants a marqué l'histoire locale[4]. Plus en aval, Doullens possède une des citadelles les plus vastes de France, édifiée au XVIe siècle par Robert Mailly sur l'ordre de François Ier pour défendre la ville menacée par les Habsbourgs, maîtres de l'Artois voisin[34]. En suivant le cours du fleuve, on ne s'éloigne guère des réalités guerrières, car Auxi-le-Château garde les vestiges de son ouvrage fortifié, élevé en 1178 par Philippe d'Alsace, comte de Flandre et ruiné durant la guerre de Trente Ans en 1637[35]. À Dompierre-sur-Authie, le donjon d'aspect médiéval ne date que du XVIe siècle et jouxte le manoir du XVIIe siècle, édifié en pierre et en briques, par Charles de Rambures, celui qui, précisément, prit et détruisit la forteresse d'Auxi-le-Château[36]. L'abbaye de Dommartin, située sur la rive opposée, rappelle que la vallée fut également une terre de foi. Fondée en 1125 par les chanoines réguliers de Prémontré, quelques années seulement après la fondation de l'ordre par Saint Norbert de Xanten, elle fut reconstruite au XVIIIe siècle[36].
Le moulin de Maintenay
Le moulin de Maintenay

Cet édifice religieux précède le plus célèbre des monuments de la vallée : l'abbaye de Valloires et ses jardins. Érigée, à partir de 1137, par Guy II, comte de Ponthieu, cette abbaye cistercienne connut deux siècles de prospérité avant d'être ravagée par la Guerre de cent ans, puis celle de trente ans[37]. Reconstruite au XVIIIe siècle, de 1741 à 1756, préservée des destructions lors de la Révolution, elle offre une grande unité architecturale. Depuis 1989, les jardins abritent une collection de 4 000 espèces de végétaux et variétés d'arbustes dans quatre espaces différents ; au centre du parc, une roseraie (qui abrite 2 000 rosiers dont beaucoup de variétés anciennes) respecte l'esprit cistercien en laissant dominer le blanc et le rose pâle[37]. Les autres lieux patrimoniaux de la basse vallée de l'Authie répondent à un registre plus profane : château Renaissance du XVIe siècle à Argoules[38], forteresse du XVe siècle de Nampont, construite sur une île de l'Authie et rare vestige de la série d'ouvrages militaires défendant la frontière du royaume[36].

Plus près de l'estuaire, le moulin de Maintenay, dont les fondations remontent à la fin du XIIe siècle, offre le meilleur exemple de l'ancienne activité meunière de la vallée. Propriété de l'abbaye de Valloires depuis 1197, il a été utilisé par les moines jusqu'au XVIIIe siècle. Revendu à des particuliers, il reste moulin à farine jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, puis est transformé en scierie qui arrête ses activités dans les années 1970 avant d'être restauré et transformé en écomusée[39]. Au XIXe siècle, la vallée de l'Authie a compté jusqu'à une cinquantaine de moulins[40] (un tous les deux kilomètres, ce qui montre le faible peuplement de la vallée lorsqu'on compare cette statistique avec les 60 moulins de la Durdent concentrés sur les 24 km de cours de ce petit fleuve côtier de Seine-Maritime) dont les meules broyaient les céréales, le colza, le lin, l'œillette ou la cameline[41] pour en extraire la farine ou l'huile.

Activités [modifier]
La vallée de l'Authie, un espace tourné vers l'agriculture et le tourisme vert
La vallée de l'Authie, un espace tourné vers l'agriculture et le tourisme vert

L'économie de la vallée de l'Authie et des plateaux qui l'encadrent est dominée par l'agriculture, les terres agricoles (surface agricole utile) représentant 80 % de la superficie du bassin versant[42]. La polyculture (céréales, betterave à sucre, colza, pomme de terre) occupe les plateaux aux terres fertiles recouvertes de limons, l'élevage (essentiellement bovin) est localisé dans la vallée où se pratiquent également la culture du tabac et la sylviculture, tout particulièrement la populiculture en plein essor. Globalement, depuis une trentaine d'années, l'élevage (sauf dans la vallée) régresse face à la mise en cultures des terres[12]. Ainsi soumise à d'importantes pressions agricoles, l'Authie présente une mauvaise qualité de l'eau liée à de fortes concentrations en nitrates, matières organiques et matières en suspension[43]. Toutefois sur les terres les moins fertiles, on assiste à une déprise agricole, ainsi les coteaux abrupts, domaine des larris, pelouses calcicoles piquetées de rares arbustes, autrefois occupés par l'élevage des moutons, ont été abandonnés, retrouvant un couvert forestier[40]. L'activité piscicole est encore peu présente avec seulement deux lieux d'élevage à Beauvoir-Wavans et à Douriez[44].

L'activité industrielle est peu représentée en dehors des petites agglomérations de Doullens (industrie agro-alimentaire avec Cofranlait, industrie chimique avec Rosenlew dans la commune voisine de Beauval)[45], d'Auxi-le-Château (présence d'un équipementier automobile dépendant du groupe Thyssen-Krupp[46]) et de l'exploitation de ballastières au niveau de l'estuaire. Des activités traditionnelles comme l'industrie textile à Doullens avec la filature de coton Julien Thiriez père et fils et l'émaillerie à Auxi-le-Château (usine Aubecq) dans la haute vallée ont aujourd'hui disparu. Il subsiste toutefois, sous une forme artisanale, une activité de vannerie, héritière d'une longue tradition, au Boisle[47].

La vallée de l'Authie, peu urbanisée, riche en sites patrimoniaux, a su développer l'activité touristique en multipliant les possibilités d'hébergement (gîtes ruraux, terrains de camping) et les activités (randonnée, cyclotourisme, sports nautiques, canoë-kayak)[48]. Ce tourisme vert, auquel on peut adjoindre les activités de découverte du patrimoine naturel de la baie de l'Authie, vient s'ajouter aux activités balnéaires plus anciennes présentes sur le littoral dans les stations de Fort-Mahon-Plage et de Berck-sur-Mer[42]. La pêche de loisirs, pratiquée sur la quasi totalité du cours ainsi que dans les nombreux étangs artificiels liés à la présence de l’eau et à son captage aisé en fond de vallée, et la chasse, plus présente dans la partie aval et l'estuaire (nombreux gabions), peuvent être considérées comme des activités touristiques à part entière[40].

Environnement [modifier]

La baie de l'Authie [modifier]
Icône de détail Article détaillé : Baie d'Authie.
L'estuaire de l'Authie, la pointe du Haut Banc et Berck en arrière-plan
L'estuaire de l'Authie, la pointe du Haut Banc et Berck en arrière-plan

La baie de l'Authie (voir sa géographie ci-dessus), dont une partie du territoire a été acquise, entre 1986 et 2003, par le Conservatoire du littoral, abrite un milieu naturel diversifié. Le paysage, au nord de l'estuaire du fleuve et à proximité de la pointe de Routhiauville au sud, est fortement marqué par la présence dunaire : dunes blanches, dunes boisées, prairies arrières-dunaires… soumises aux attaques incessantes de la mer[49]. De multiples espèces végétales s'y rencontrent comme le rare iris fétide, l'oyat, le panicaut des dunes et l'élyme des sables ou seigle de mer[50]. L'avifaune, dont la diversité n'égale pas, certes, celle de la baie de Somme voisine, ne manque pas d'intérêt avec la présence, permanente ou temporaire, de l'aigrette garzette, de la spatule blanche, du faucon pèlerin, de l'épervier d'Europe, du pic épeichette, du cochevis huppé et même de quelques cigognes. Le milieu dunaire abrite des espaces humides, les pannes, mares temporaires en général à sec durant la période estivale[51]. Ces pannes se sont formées au début du XIXe siècle lorsque l'estran recouvrait, lors des grandes marées, des dépressions sableuses. Progressivement ces dernières furent isolées du milieu marin par la mise en place de cordons de dunes mais furent toujours alimentées en eau par les précipitations et les nappes phréatiques. Aujourd'hui, les pannes abritent des espèces végétales comme la menthe aquatique ou encore l'orchis incarnat et des espèces animales variées tels le crapaud calamite, le héron cendré, le grèbe huppé ainsi que de nombreuses grenouilles et libellules[51]. Dans la partie méridionale de la baie dominent les polders, conquis sur la mer grâce à l'édification des renclôtures, domaine des cultures et des pâturages. Ces espaces humides, entrecoupés de canaux de drainage, de fossés, de mares et d'étangs, abritent de nombreuses espèces de Joncs, de Roseaux et d'autres végétaux aquatiques[49].

Pour préserver ce milieu fragile fréquenté par près de 500 000 visiteurs par an, le Conservatoire du littoral envisage de restaurer le pâturage ovin extensif pour entretenir le milieu dunaire[52], mais également d'améliorer l'accueil des touristes par des aménagements mieux adaptés à la problématique environnementale actuelle : parkings intégrés au paysage, sentiers de découverte balisés[53]

Le fleuve et la vallée [modifier]
Un triton crêté
Un triton crêté

L'Authie est un cours d'eau d'une grande richesse halieutique dont tout le cours est classé en première catégorie. Elle est, avec la Bresle, l'un des rares cours d'eau de la Seine au Danemark à encore accueillir le saumon atlantique, poisson migrateur considéré comme un bon bioindicateur de la qualité de l'eau[54]. Celle-ci est globalement bonne, les rejets industriels et urbains étant faibles et plutôt en diminution. Subsiste toutefois la pollution d'origine agricole. L'érosion et le ruissellement liés aux pratiques d'agriculture intensive et à l'augmentation des terres labourables au détriment des surfaces en herbe sont à l'origine de fortes concentrations de matières en suspension et d'une pollution par les nitrates[42]. Cette érosion combinée à l'effet des ouvrages implantés en travers du lit du cours d’eau provoque aussi l'envasement de sections du fleuve et le colmatage de frayères de salmonidés qui nécessitent un substrat de type gravier pour permettre l'oxygénation des œufs[55].

D'autres poissons migrateurs ou sédentaires, tels que la la truite fario, (qui devient truite de mer le cas échéant), la lamproie fluviatile, la lamproie de Planer et le chabot, sont également présents. Classée cours d’eau à salmonidés depuis 1987[56], l'Authie (ainsi que ses affluents) est soumise au nom du Code de l'environnement (arrêté du 18/04/1997) à l’obligation de libre circulation des poissons migrateurs. 22 barrages sont recensés sur l'Authie ; pour faciliter ou permettre le passage des poissons et notamment leur montaison jusqu'en amont du cours d'eau ou dans ses tributaires, l'ouverture définitive des barrages ou à défaut leur aménagement sont progressivement mis en œuvre[57]. Une part de ces barrages sont encore infranchissables ou posent problème, notamment à Tollent en partie aval du fleuve[58].

La vallée du fleuve est considérée, par le réseau Natura 2000, comme un des couloirs fluviatiles essentiels du nord de la France en raison de ses prairies et marais tourbeux qui abritent de nombreuses espèces animales et végétales[59]. Sur le seul plan floristique, on trouve dans la vallée 16 espèces protégées parmi lesquelles des fougères, la parnassie des marais, seule représentante en France du genre Parnassia, des orchidées comme l'orchis grenouille ou la spiranthe d'automne. Quant à la faune amphibie, les rives de fleuve côtier rassemblent une population importante de tritons crêtés, espèce fortement menacée dans de nombreuses régions par la destruction de son habitat liée aux activités humaines[54]. L'Authie est représentative des hydrosystèmes fluviatiles nord-atlantiques en raison de la diversité de son ichtyofaune, de ses habitats aquatiques rhéophiles (terme s'appliquant aux espèces animales ou végétales capables de vivre dans des eaux animées par de forts courants) et lentiques (vocabulaire désignant les organismes qui vivent dans les lacs, les étangs, les marais, les eaux stagnantes ou tout autre hydrosystème traversé par des courants très faibles à nuls)[54].

Départements et communes traversés [modifier]

* Pas-de-Calais (62) : Beauvoir-Wavans, Auxi-le-Château, Labroye, Groffliers, Berck.
* Somme (80): Coigneux, Authie, Doullens, Hem-Hardinval, Boufflers, Dompierre-sur-Authie, Argoules, Nampont, Quend, Fort-Mahon-Plage.