Le Scardon, rivière de Picardie, est un affluent de la Somme (rive droite). Bien que d'une faible longueur (12 kilomètres), son cours, d'une remarquable stabilité dans le temps, présente un grand intérêt par les découvertes préhistoriques de Caours et le riche patrimoine de la ville de Saint-Riquier.
Géographie [modifier]
Le Scardon s'écoule de Saint-Riquier à Abbeville à travers le Ponthieu. Son cours se limite à 12,4 kilomètres[1]. mais sa vallée, orientée nord-est / sud-ouest, se poursuit en amont, sans écoulement apparent, sur une dizaine de kilomètres. La rivière reçoit deux petits affluents à Abbeville :
* La Drucat qui mesure 5,4 kilomètres de long, prend sa source à Drucat, traverse Caours et conflue à Abbeville, l'ensemble du cours étant inclus dans le canton d'Abbeville-Nord.[2].
* La Novion dont le cours est de seulement 1,4 kilomètre de long, prend sa source et conflue sur le territoire de la commune d'Abbeville.[3].
Grâce à ces derniers, le bassin versant du Scardon s'étend sur 206 km² et procure à la rivière un débit de 1,4 m³/s à l'exutoire[4] dans le cadre d'un régime pluvial océanique. Ce dernier est marqué par une grande régularité en raison de la présence d'un puissant aquifère alimentant les différents cours d'eau de la région comme l'Authie, plus au nord.
La vallée du Scardon peut atteindre 700 mètres dans sa plus grande largeur (ce qui peut paraître étonnant pour un cours d'eau de cette taille) et est franchie par l'imposant viaduc de l'autoroute A 16, construit selon la technique du béton précontraint en 1997 et long de 1 022 mètres[5].
Histoire [modifier]
La façade de l'église abbatiale de Saint-Riquier
La façade de l'église abbatiale de Saint-Riquier
Dans une région riche en vestiges préhistoriques, une découverte récente, réalisée à Caours dans la vallée du Scardon, pourrait permettre de mieux comprendre le destin de l'homme de Néandertal ou d'épaissir encore le mystère de sa disparition. La présence d'un site néandertalien de découpe d'animaux lors de la période de l'Eémien (130 000 à 115 000 ans avant notre ère) prouve, d'après les spécialistes, que Néandertal s'était parfaitement adapté au climat tempéré qui affectait la contrée à cette époque[6]. Cela remet donc en cause la théorie selon laquelle la disparition de ce formidable chasseur aurait été directement liée à son impossibilité à supporter les changements climatiques brutaux qui régnaient alors (alternance de périodes glaciaires et de périodes de réchauffement)[6].
Dans la partie supérieure de son cours, le Scardon traverse la commune de Saint-Riquier qui peut s'enorgueillir d'une riche histoire. Pagus gallo-romain, connu sous le nom de Centula, probablement capitale de la tribu des Oromensacii, la ville prit son nom actuel après la fondation au VIIe siècle d'une abbaye dédié à Ricarius, riche personnage devenu ermite qui évangélisa une partie des populations encore païennes du nord de la France sous le règne de Dagobert Ier, roi des Francs de 629 à 639[7]. L'établissement religieux connut sa plus brillante période sous la direction de l'abbé Angilbert, conseiller de Charlemagne, qui en fit un des grands centres d'études de la chrétienté. Malgré sa destruction par les Normands en 881, le rayonnement de l'abbaye persista jusqu'au début du XIIe siècle lorsque cette dernière fut incendiée, en 1131, par un seigneur local, le comte de Saint-Pol, Hugues III de Campdavaine[8]. De nouveaux saccages, au XVe siècle et au XVIe siècle, la ruinèrent définitivement[8]. L'église abbatiale, avec sa façade exubérante dominée par une haute tour carrée, demeure un des plus beaux édifices religieux de Picardie.
Saint-Riquier fut également une des premières communes de France car, dès 1126, Louis VI le Gros accorda à la cité une charte d'indépendance[8]. Cette longue et brillante continuité historique lui a légué, en plus de l'église abbatiale, un patrimoine architectural exceptionnel pour une ville de cette taille : beffroi, ruines du château de Drugy, hôtels particuliers du XVIIe siècle et XVIIIe siècle, hospice du XVIIIe siècle, curieuse maison d'habitation d'un grognard de la Grande armée dont la façade a adopté la forme d'un bicorne napoléonien.[8].
Notes et références [modifier]
L'imposant viaduc du Scardon près d'Abbeville
L'imposant viaduc du Scardon près d'Abbeville
1. ↑ SANDRE, « Fiche du Scardon (E6480600) ». Consulté le 11 juin 2008
2. ↑ SANDRE, « Fiche de la Drucat (E6480650) ». Consulté le 15 juin 2008
3. ↑ SANDRE, « Fiche de la Novion (E6480660) ». Consulté le 15 juin 2008
4. ↑ Rapport du projet de plan de prévention des risques d’inondations de la vallée de la Somme et de ses affluents, préfecture de la Somme Lire en ligne. Consulté le 11 juin 2008.
5. ↑ Le viaduc du Scardon sur Structurae. Consulté le 11 juin 2008.
6. ↑ a b Quand Néandertal s'invite à l'Eémien : découverte d'un site primordial, article de l'INRAP sur futura-sciences.com Lire en ligne. Consulté le 11 juin 2008.
7. ↑ Guide bleu de Picardie, Hachette, Ed. 2003, p.131.
8. ↑ a b c d L'histoire de la ville et de l'abbaye, description détaillée de l'église abbatiale sur le site du Ministère de la culture. Consulté le 11 juin 2008.
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